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Analyses

Trae Young l’étudiant du jeu : le shooteur fou est aussi génial et gourmand en attaque qu’il est victime en défense

Nouvelle saison, nouvelle analyse. Plus de 10 années après l’arrivée d’un certain Stephen Curry, la ligue a profondément changé. Aujourd’hui, un meneur qui prend plus de tirs à 3-pts qu’il ne délivre de passes décisives est devenu la norme. Offensivement, les équipes ne jurent plus que pour cet aspect du jeu, chacune brisant leurs propres records de tirs longue distances saison après saison. Le style du double MVP, flashy, risqué mais indéniablement audacieux en a inspiré plus d’un. Né au Texas, dans la ville de Lubbock, un certain Trae Young, sensible à la force, symbolise aujourd’hui la prise du pouvoir du shoot à 3-pts d’une nouvelle génération. Focus sur un véritable étudiant du jeu, pour qui l’attaque n’est pas la meilleure défense. Bienvenue à Atlanta, Géorgie, berceau de la trap mais aussi de Trae «from the logo » Young.

A l’image d’un LeBron James, d’un Giannis ou plus récemment d’un Zion Williamson, atteindre la NBA avec un physique hors-norme est un atout précieux, surtout lorsque l’on mesure plus de 2 mètres et qu’on a du talent plein les mains. Tous les scouts sont après vous, on vous scrute, analyse, toutes les caméras sont braquées sur vous. Certains n’ont pas cette chance et doivent s’appuyer sur d’autres qualités pour espérer se faire connaître. Les travailler, les parfaire jusqu’à ce qu’elles deviennent plus déroutantes qu’un sky-hook dans la peinture, plus impressionnantes qu’un Tomar ravageur, et même plus bankables pour les sponsors. Grâce aux inoubliables prouesses de Stephen Curry, Steve Nash, John Stockton ou encore Isiah Thomas, une ribambelle de gamins loin d’être surarmés physiquement ont pu espérer réaliser leurs rêves de NBA. C’est le cas de Trae Young. Du haut de son mètre 85 et ses 82 kg, tout comme ses aînés, l’actuel meneur des Hawks n’est pas un monstre physique, loin de là. Mais comme eux, il a développé une intelligence de jeu qui lui confère un avantage de « taille ». 

Mais c’est ce physique qui l’empêche d’être apprécié à sa juste valeur. Alors pensionnaire de la Norman North High School dans l’Oklahoma, Etat où il a grandi, Trae Young ne faisait pas encore parti du top 10 des lycéens du pays malgré ses 34,2 pts, 4,6 rebonds, et 4,6 passes décisives de moyenne. Grâce à ses excellentes performances, son équipe de lycée enregistre un record de 24 victoires pour seulement 4 défaites décrochant le titre d’état au passage. A la fin de son cursus scolaire, il ne s’éloigne pas de chez lui et rejoint l’université d’Oklahoma où Blake Griffin et Buddy Hield ont brillé sous le maillot des Sooners. Et c’est au sein du Lloyd Noble Center que Trae Young va définitivement déchaîner les foules et déclencher une hype folle. Dès son deuxième match, il claque 22 points et 13 passes. Un peu plus tard, il marque l’histoire de sa fac en délivrant 22 passes décisives face à NorthWestern State. Ses orgies offensives lui confèrent le titre de meilleur scoreur (27,4 pts) et meilleur passeur (8,7 ast) de la saison universitaire. Trae Young dira plus tard : 

« C’est assez dingue, mais je fais les mêmes trucs maintenant qu’au lycée. C’est juste que les gens l’apprécient plus maintenant. Au lycée, les gens étaient excités à propos des gars supers athlétiques, et c’est tout. Mais quand on atteint des niveaux un peu plus élevés, et que tout le monde est athlétique, ça s’équilibre un peu et la technique prend plus d’importance. J’ai toujours été en avance par rapport à eux (les autres prospects) sur ce point. » 

Il termine donc sa seule et unique saison universitaire avec 27,4 pts, 3,9 rebonds 8,7 assists avec un style qu’il assumera totalement à l’échelle supérieure. Drafté en 5ème position par les Mavs mais échangé de suite contre Luka Doncic, il atterrit à Atlanta. Son année rookie confirme tous les espoirs placés en lui, il s’affirme aujourd’hui comme un potentiel successeur des meilleurs meneurs de jeu de l’histoire.

I – Pure Guard

Sur le site de USA Basketball, Trae Young cite parmi ses références un certain Steve Nash. Un exemple que tout meneur qui se respecte devrait suivre. Le nouveau coach des Nets était un pur meneur de jeu : QI Basket, créativité, sens exceptionnelle de la passe et doté d’un tir létal. Trae Young possède les mêmes aptitudes qui font de lui l’un des tous meilleurs à son poste actuellement. Un joueur intelligent qui a souvent un coup d’avance, qui sait où sera placé son coéquipier avant tout le monde afin de le servir dans des conditions optimales.

  • Décisif par la passe

On a tendance à l’oublier, mais avant d’être un tireur d’élite, Trae Young est un formidable passeur. Pour sa première année dans la ligue, il claquait déjà 8,1 passes décisives ce qui le plaçait dans le Top 5 juste derrière Westbrook (10,7), Lowry (8,7) et CP3 (8,2) et devant Jrue Holiday (7,7). Il augmentera ce total en 2020 avec pas moins de 9,3 caviars par rencontre, seul LeBron James fera mieux en terminant meilleur passeur de la ligue avec plus de 10 unités. Après deux saisons, son nom pourrait être associé aux plus grands meneurs de l’histoire. Pour se rendre compte de l’exploit du jeune arrière d’Atlanta, il suffit de jeter un coup d’œil à son nombre total de passes décisives : 1280 en 141 matchs, sans compter la saison en cours. Pour vous donner une idée, il n’existe que trois joueurs ayant joué, au moins, le même nombre de matchs qui font mieux que Young. Il s’agit d’Oscar Robertson (1589 assists en 150 matchs), Mark Jackson (1487 en 154 rencontres) et Jason Kidd (1390 caviars en 160 matchs).

Il existe d’ailleurs toute une panoplie de statistiques pour analyser l’impact d’un joueur à la passe. Trae Young figure dans le Top 5 de la plupart de ces catégories en 2019/2020. D’abord, l’admirateur de Nash réalise 8.5 passes par rencontre et celles-ci débouchent le plus souvent vers un panier facile. 17,5% pour être précis, c’est ce qu’on appelle le AST TO PASS%. Pour creuser davantage, on utilise le AST TO PASS ADJ, c’est-à-dire le pourcentage de passes d’un joueur qui sont décisives en ajoutant les lancers-francs mais aussi les « secondary assists », la passe avant la passe décisive, aussi appelée « hockey pass ». Dans ce domaine, Trae Young enregistre 21,2%. Grâce à son sens du jeu, le cinquième choix de la draft 2018 crée 23,2 points par match, soit le deuxième meilleur total de la ligue. Tout comme son AST% de 45,6% qui permet d’estimer le pourcentage de paniers inscrits par son équipe via ses passes décisives. Comme on l’avait vu avec Damian Lillard, si on imagine que ses coéquipiers réussissent la plupart de leurs tirs débouchant sur une passe de leur meneur, Trae Young pourrait voir sa moyenne d’assists atteindre les 17,3 via les potential assists. 

  • Formidable créateur mais formidablement croqueur

Trae Young est un petit génie de la balle orange et sait manier le ballon comme personne. En effet, lorsqu’il s’agit de se défaire de son adversaire direct, sa rapidité balle en main et sa technique au-dessus de la moyenne lui confèrent un avantage incontestable. Lors de la saison 2019/2020, le n°11 a atteint une vitesse de 7 km/h en moyenne par match. Sur le papier ce n’est pas énorme mais Trae Young fait partie des joueurs les plus rapides de la ligue. Demandez à ses victimes tombées sous ses crossovers assassins.

Lorsqu’il est sur le terrain, son équipe joue avec un rythme effréné. Pour mesurer cet aspect du basket, il faut s’attarder sur le nombre de possessions jouées par une équipe sur 48 minutes. C’est le fameux PACE, que tous les adeptes du Jeu de l’Entraîneur sur Winamax regardent avant de parier. En gros, plus le PACE est élevé, plus la probabilité de points marqués l’est aussi. La saison dernière, les Hawks jouaient 103,28 possessions par match soit le 7ème total de la ligue. Quand Trae Young est sur le parquet, cette moyenne s’élève à 105,18. En bon capitaine du navire, le jeune Trae porte énormément la gonfle, il en touchait 87 par match, ainsi son USG avoisinait les 35% (33,9) en 2020. Pour rappel, cette statistique, très utilisée, permet tout simplement d’estimer le pourcentage d’actions d’une équipe qu’exploite un joueur. Plus il porte le cuir, shoote ou passe, plus son usage augmentera. Le nom de Trae Young figure parmi les cinq premiers dans cette catégorie.

Ces données révèlent une appétence pour maintenir le contrôle du match. Logique me direz-vous quand on occupe le poste de « point guard ». Toujours est-il que notre cobaye du jour dribble bien certes, mais dribble beaucoup : 6,71 dribbles par touche de balle. De plus, en moyenne, TY gardait le cuir 9,1 secondes par possessions, c’est énorme, à tel point qu’il occupait la 1ère place du classement l’année dernière. Quand on se penche sur les chiffres de ses coéquipiers, on comprend pourquoi John Collins a récemment pété un câble sur le style de jeu de son compère. 2,2 sec pour Huerter, 1,8 pour Collins et à peine 1,5 secondes pour Hunter. Forcément avec un usage conséquent ainsi qu’une prise de risque maximale, Trae Young commet énormément de pertes de balle : 3,8 turnovers lors de sa saison rookie, 4,8 en 2019/2020 et autant en cette nouvelle année. En raison de son nombre de passes décisives, son ratio AST/TO démontre qu’il ne prend pas bien soin du ballon : 1,94. Parmi les cinq meilleurs passeurs de la ligue la saison dernière (LeBron, Doncic, Rubio, Lillard), il est celui avec le moins bon ratio. 

II -BANG, BANG, BANG

Bien évidemment, Trae Young est connu et reconnu de tous pour son shoot, le digne héritier de Stephen Curry à qui il a été maintes fois comparé. Dans une NBA toujours plus portée sur le tir extérieur, il symbolise cette nouvelle ère, l’un des enfants légitimes du Chef Curry. La saison passée, notre ami Trae Young scorait 29,6 points par match en 1249 tirs tentés pour une réussite estimée à 43,7% (9,1/20,8). Et pour comprendre à quel point le franchise-player des Hawks est un pur shooteur, il suffit de jeter un œil sur la façon dont il score. Ne comptez pas sur lui pour attaquer la peinture, un bon gros shoot en suspension fera l’affaire. 960 jump-shot tentés. Oui, vous avez bien lu, 76% de ses 1249 tirs. Et plus de la moitié à 3-pts : 399/568 (36,1%)Lors d’une remise en jeu, en remontant progressivement le parquet, Trae Young adore surprendre son adversaire direct en dégainant soudainement. Il est l’un des joueurs qui tente le plus de pull-up jumper (323) avec plus ou moins de réussite (32,2%). Quoi qu’il en soit, il est l’un des trois joueurs qui marque le plus de points via ce type de geste : 11,3 points, juste derrière les 11,5 de Kyrie « Missing » Irving et James Harden (11,8). A 3-pts, Young en tente 7,7 pour 2,6 réussites (33,5%). Comme cité plus haut, Trae Young est un dribbleur compulsif et détient une capacité naturelle à créer son propre shoot. En effet, 78,8% de ses shoots réussis ne sont pas le fruit d’une passe décisive, c’est la statistique qu’on appelle vulgairement le %UAST (Unassisted). Cela traduit une véritable force de son jeu mais aussi bien un défaut. Les Hawks occupaient la 17ème place en termes de passes décisives en 2020. La circulation du ballon reposait uniquement sur l’envie du meneur à lâcher la gonfle. Autres stats qui prouvent qu’il monopolisait trop le jeu : Young ne tentait que 1,8 tir en catch and shoot, et sur l’ensemble de la saison, il n’a converti que 13 shoots sur 21 dans les corners.

Toujours est-il qu’il est un pur shooteur comme le prouve son EFG% et son TS%. Ces deux données permettent d’analyser l’impact d’un joueur au tir. La première, le Efficiency Field Goal %, ajuste le fait qu’un 3-pts est plus valuable qu’un shoot tenté à 2-pts. La deuxième citée, le True Shooting % est une statistique plus complète qui prend aussi en compte la réussite aux lancers-francs. Trae Young enregistre un EFG de 51,9% et un TS% de 53,8, de très bons chiffres malgré des tirs littéralement tentés du centre-ville d’Atlanta. Selon les rumeurs, Ciara et son cousin T.I les auraient entendu.

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En effet, Young n’a pas froid aux yeux quand il s’agit de dégainer de très loin : 430 tentatives entre 7,62 et 8,8m, 81 entre 9,14 et 10,68m et le clou du spectacle, 23 shoots à plus 11m pour une réussite de plus de 43% ! Allez, petit kiff, ci-dessous, ses plus beaux shoots longue distance.

Oui, Trae Young est un shooteur démentiel, un passeur hors-pair, un créateur intelligent, une machine qui lui permet de claquer des cartons offensifs de dingue comme ce soir de février face au Heat où il plantera 50 points à 8/15 à 3-pts, record en carrière. Mais ses prouesses sont encore plus impressionnantes de l’autre côté du parquet.

III – SOS Fantôme

Désormais, je m’adresse aux passionnés de la défense rugueuse. Les admirateurs de guerriers comme Gary Payton, Tony Allen, Marcus Smart et bien d’autres. Ces joueurs qui ne lâchent rien, prêt à sacrifier leur corps pour arracher la balle à son adversaire, pour qui la défense est une religion, un devoir. Trae Young, lui, est l’antithèse absolu de ces joueurs.

  • La flemme

La saison dernière, les Hawks figuraient parmi les pires défenses de la ligue. La franchise de Géorgie n’encaissait pas moins de 114,4 points sur 100 possessions. La statistique pour le mesurer est le Defensive Rating (DEFRTG). Cette donnée s’applique aussi aux joueurs, et ce total augmente pour atteindre les 116,1 points pour notre ami Trae Young. Le média américain ESPN et sa « Sports Analytics Team » recensent aussi diverses statistiques avancées. Nous connaissons tous le +/- (plus/minus) qui mesure le différentiel de points inscrits et encaissés de l’équipe d’un joueur X lorsqu’il est sur le parquet. ESPN intègre d’autres facteurs de jeu pour créer le RPM, le Real Plus Minus, inventé par Jeremias Engelmann. Il est décliné sous la forme offensive (ORPM) et défensive (DRPM). Cette dernière est définie comme telle sur le site officiel d’ESPN : « Estimation de l’impact d’un joueur sur la performance défensive de son équipe, mesuré en points alloué sur 100 possessions défensives ». Avec -6,7 points, Trae Young réalise la pire performance pour un meneur en 2019/2020. Même James Harden est en positif : +1,18.

Défensivement, Young laisse son adversaire shooter à 55,9% (3,2/5,8) de réussite et 37,4% à 3-pts (1,5/4). Dans la raquette c’est pire, où ses adversaires s’en donnent à cœur joie avec presque 75% de réussite aux tirs (74,5). Sachant qu’il perd beaucoup la balle, les équipes adverses réalisent un bon paquet de contre-attaque. Quand Young est sur le terrain, les adversaires des Hawks scorent en moyenne 11,4 points sur ce type d’actions, c’est le « Opponent Fast Break Points ». Tous ces chiffres se traduisent par un impact défensif quasi inexistant et pour le prouver les statisticiens ont mis en place le DWS (Defensive Win Share). Cette formule prend en compte toutes les stats défensives pour savoir combien de victoires supplémentaires aurait obtenu l’équipe du joueur en question si ses coéquipiers avaient défendu comme lui. 0,6 pour Trae Young. Le souci majeur en oubliant le fait qu’il n’en ait complètement rien à foutre de stopper son vis-à-vis, c’est encore une fois son physique. Il ne tient pas face à des arrières véloces et athlétiques qui attaquent sans cesse la peinture et qui profitent d’un manque de puissance (et d’envie) flagrant de la part du meneur de 82 kg. 

Cependant, lorsqu’il s’agit d’attaquer, il sait bien utiliser son corps pour provoquer la faute. Atlanta est actuellement l’équipe qui tente le plus de lancers-francs par match (26.3) et qui en réussit le plus (21,3). D’ailleurs, le 28 décembre dernier face à Detroit, Trae Young est passé 15 fois sur la ligne pour autant de réussite. Toujours en 2019/2020, Young tentait 9,3 lancers (3ème derrière Harden et Giannis) par rencontre et en convertissait 86%. Il n’est pas mauvais non plus quand il prend son vis-à-vis de vitesse. Il ralentit sa course pour subir un contact et obtenir une faute facile.

Trae Young est un joueur clivant. Certains le trouvent surcoté pointant sa fragilité physique et sa défense poreuse. D’autres l’encensent par ses qualités offensives indéniables et sa vision du jeu hors du commun. Quoi qu’il en soit, le jeune meneur de 22 ans, adoubé par ses pairs, Steph Curry et LeBron James en tête, est un joueur fantasque. Injouable dans les grands soirs par sa capacité à faire le show, il n’en reste pas moins frustrant par moments. Ses errements défensifs ainsi que sa gourmandise récurrente pénalisent bien (trop) souvent son équipe. Cependant, il n’entame que sa troisième saison dans la ligue. Il apprend progressivement à devenir un grand joueur, et il en a incontestablement les capacités.

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