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Analyses

L’édito du jour : Stephen Curry dans le débat du GOAT, quelle place doit-on lui attribuer ?

Source photo : YouTube

Les performances de Steph Curry face à Portland et Toronto avaient délié certaines langues, notamment celle d’Andre Iguodala. Le MVP des Finales 2015 est clair, selon lui, Steph Curry est le deuxième meilleur meneur de l’histoire. Au-delà de la discussion du meilleur meneur, quelle est sa place parmi le reste ? Je vous emmène pour essayer de répondre à cette question qui paraît si simple au premier abord mais qui au final ne l’est pas du tout.

« Je pense qu’il est le deuxième meilleur [à son poste]. Je le savais, mais certains non ».

Sans citer de noms, d’anciennes déclarations de sa part et de Draymond Green laissent penser que l’homme au-dessus de son teammate ne serait autre que Magic Johnson.

Pour appuyer son propos, Andre Iguodala prend en référence les Playoffs 2015. Alors menés 2-1 en demi-finales de Conférence face à Memphis, le Splash Brother a pris les choses en main, et a éructé. 33 points au match 4, 18 au match 5 (dans un match où les Grizzlies n’ont pas mis plus de 78 points), et 32 au 6 pour conclure la série (victoire 4-2).

S’il est déjà difficile de contredire Iggy, les Playoffs 2019 ajoutent encore plus de crédit à ses déclarations. D’abord en retrait face à de surprenants Clippers, Curry s’est progressivement réveillé, avant là aussi d’exploser au bon moment. Face aux Blazers qui espéraient profiter de l’absence de KD pour accrocher Golden State, le Chef a ni plus ni moins battu le record de points marqués en un sweep, à 36,5 points de moyenne, s’est permis de scorer un triple-double pendant le Game 4 (son coéquipier Draymond Green aussi, une première dans l’histoire de la NBA). Même privés de Kevin Durant et de DeMarcus Cousins, les Warriors sont tranquillement arrivés en Finales pour la cinquième fois de suite, portés par le numéro 7 de la Draft 2009. Et même si Toronto a finalement eu le dernier mot, Steph a été sublime.

Propulser Stephen Curry directement dans le top 2 peut paraître logique. Double MVP, dont un à l’unanimité, leader d’une des meilleures équipes de tous les temps, champion NBA en titre, troisième recordman du nombre de 3 points marqués (Reggie Miller est le prochain sur son Death Note), les arguments ne manquent pas pour plaider en faveur du joueur d’Oakland.

S’il peut-être admis de le considérer comme le deuxième meilleur à son poste, et donc de rejoindre l’avis d’Iggy, quelle est au final la place du numéro 30 parmi les plus grands ?

Bien évidemment, Stephen Curry aura sa place au Hall of Fame dans la seconde qui suit l’annonce de sa retraite. Mais de là à le considérer comme le plus grand, il n’y a qu’un pas que, contrairement à beaucoup de fans dans la Baie, nous ne franchirons pas.

Premièrement, ne pas reconnaître que Chief a révolutionné le jeu en NBA relève de la mauvaise foi, il suffit de comparer une shot chart des années 2000 et une de 2019 pour comprendre. Le tir mi-distance ? Pas assez rentable, autant aller sous le panier, qui donne un meilleur pourcentage (à moins de s’appeler Tyreke Evans), ou derrière l’arc, où l’on obtient un rendement supérieur pour une réussite quasi-similaire.

Steph est le meilleur shooteur de l’histoire. Sur ce point, on est d’accord, il y a lui et les autres. Sans aucun débat. C’est simple, entre 2016 et 2018, il a rentré 726 tirs à 3 points. C’est 77 de plus que Larry Bird (649)… qui lui l’a fait sur toute sa carrière. Oui, Larry Bird, le sniper qui ouvre sa gueule et qui assume.

Pour rester sur le tir, Steph Curry c’est une efficacité monstrueuse. Tellement qu’il est dans le club très select du 50-40-90 (50% au tir, 40 depuis le parking, 90 aux lancers). C’est simple, ils ne sont que 8 dedans (Larry Bird, Mark Price, Reggie Miller, Steve Nash, Dirk Nowitzki, Kevin Durant, Stephen Curry et Malcolm Brogdon), pour vous dire l’exploit. Et sans vouloir rentrer dans les stats, elles sont tout simplement monstrueuses. J’ai mentionné Tyreke Evans plus tôt, et ce n’est pas pour rien. L’ancien joueur tournait à 52% sous le cercle, soit autant que Curry, mais à mi-distance. Un tir létal, qui était à l’origine son seul point fort, devenu son jeu. Le jeu.

De ce point de vue, Steph a marqué la NBA de son empreinte. Mais révolutionner le jeu ne suffit pas forcément. Michael Jordan, LeBron James, Tim Duncan, ces joueurs n’ont pas changé la manière de jouer en NBA, (Michael a révolutionné la NBA, son côté bankable, mais en rien le jeu), ils se sont « contentés » d’arriver, et de dominer leur sujet comme on en a rarement vu. Pourtant, on considère Michael et LeBron comme les GOAT, Timmy comme le meilleur poste 4 de l’histoire, et la liste est encore longue.

MJ n’a certes pas révolutionné le jeu, mais sur le playground, les gosses voulaient et veulent tous ressembler à His Airness, car c’est Michael qui a créé cette hype autour du basket, c’est lui qui l’a démocratisé. Steph Curry a révolutionné le fond, le numéro 3 de la Draft 1984 avait modelé la forme. Et pour les néophytes, c’est le plus important.

Pour faire un parallèle, Giacomo Agostini, contrairement à Kenny Roberts, n’a pas absolument pas changé la manière de piloter en MotoGP (qu’on appelait à l’époque 500), et pourtant on s’accorde à dire qu’Ago est au-dessus de l’Américain en terme de légende. Et même si les fans de moto se feront un malin plaisir à me corriger, c’est strictement similaire en NBA.

Malgré tout, des zones d’ombre subsistent, tout n’est pas rose pour Baby Face. Qu’il le veuille ou non, le « Golden State blew a 3-1 lead » restera marqué à jamais. On s’accorde à dire qu’il n’a pas le mental de winner de MJ ou encore de Larry Bird. Attention, ne nous faites pas dire ce que nous n’avons pas dit : Steph a un mental de vainqueur, c’est certain. Aussi élevé que celui de His Airness, que celui de Larry Bird ou celui de LeBron ? C’est peu probable.

Autre point négatif, l’absence de titre de MVP des Finales. Oui, ça peut rentrer en compte. Certes, le titre d’Andre Iguodala est toujours une incompréhension totale, mais qu’importe. Steph n’a jamais été le meilleur joueur de la série ultime. D’abord Iggy, on ne reviendra pas sur la saison 2016, Kevin Durant est passé 2 fois, et cette année c’est les multiples blessures de son crew associée à un Kawhi Leonard stratosphérique qui l’ont empêché à la fois de saisir son quatrième trophée Larry O’Brien et… le MVP des Finales. Non, Stephen Curry, du haut de ses trois titres et de ses 2 MVP n’a jamais été élu meilleur joueur des Finales.

Alors qu’on se mette d’accord, le palmarès ne veut pas dire grand chose, car sinon Bill Russell serait le GOAT, Zaza Pachulia serait au-dessus de Charles Barkley, et encore plus fort, Patrick McCaw serait l’égal de… Kobe Bryant. Ah si on vous promet.

Pour résumer, le fait qu’il ait révolutionné le monde de la balle orange, son palmarès (on n’a pas mentionné le 73-9, encore moins ses All-NBA Teams), sont de solides arguments en sa faveur. Seulement, son leadership en-deça de certains, son absence de MVP des Finales, et simplement sa legacy qui est moins importante que des joueurs comme MJ et LeBron, tout ces éléments font qu’on ne peut considérer Steph comme le plus grand.

Et pourtant… ne pas considérer le meneur des Warriors comme l’un des plus grands est une insulte. S’il n’est pas Zeus, il a déjà sa place dans l’Olympe.

Oui, il y a eu le 3-1. Oui, il n’y aura pas de three-peat. Mais s’arrêter à cela n’est pas faire honneur au Chef. Car ce qu’il a réalisé est finalement au-dessus de ces bêtes histoires de trophées.

Non, Stephen Curry n’est pas le GOAT. Mais est-ce le plus important, pour ses fans, et pour nous amoureux de la balle orange ? Comme le disait Kareem Abdul-Jabbar, nous ne sommes pas dans Highlander, et il peut y avoir plusieurs GOAT, en fonction de chaque période. Et dans ce cas, le dieu du tir, le dieu de cette génération est bien cet homme. Monsieur Stephen Curry.

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