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Analyses

Le gros dossier du jour sur Robert Horry : un joueur normal avec un palmarès de légende

Plus qu’un simple article retraçant sa vie et sa carrière, les mots qui vont suivre feront office de plaidoyer pour que le joueur qui sera le sujet soit intronisé au Hall of Fame.

Robert Horry a un nom très peu familier dans le paysage de la NBA. Quoi de plus normal ? Le monsieur a des statistiques assez moyennes. En 17 saisons, il a connu 4 franchises et n’a inscrit que 7 petits points de moyenne accompagnés de 4.8 rebonds et 2.1 passes. Rien de bien fou donc. Mais si le personnage mérite qu’on parle de lui, c’est parce qu’il a été 7 fois champion. C’est le joueur le plus titré de l’ère moderne devant Michael Jordan et surtout il a été décisif pour chacun de ses titres. Robert Horry est la preuve qu’un joueur sans grand talent peut avoir un palmarès légendaire, il est aussi la preuve que dans un sport collectif, aucune contribution n’est négligeable. Enfin il est l’exemple à montrer à tous ceux qui pensent qu’une carrière n’est grande que par les statistiques et les trophées individuels.

Robert Keith Horry Jr est né en 1970 à Harford County dans le Maryland, un endroit pas très glamour pour commencer une vie. Très tôt, ses parents divorcent et il est contraint de suivre sa mère à Covington County dans l’Alabama, un endroit encore moins glamour.

Dans sa nouvelle ville, il se met au basket et se distingue très vite comme le meilleur joueur de son lycée et même de tout l’etat de l’Alabama puisqu’il remporte le Alabama High School Player of the year. Forcément, Robert se met à envisager une carrière professionnelle car avec un tel potentiel, ce serait du gâchis de faire autrement. Mais avant de faire le grand saut vers la NBA, il faut passer par la case universitaire. Son choix se porte vers l’université de l’Alabama. Ce choix n’est pas si anodin, l’Alabama est considéré comme état pauvre sans relief, sans vie, sans rien en réalité. Selon une étude du « US news », l’Alabama est classé  46e sur les 50 états américains en terme de qualité de vie  et 48e en ce qui concerne les opportunités. En ce qui concerne le sport, c’est encore pire, il n’y a aucune franchise professionnelle d’un sport majeur dans tout l’Etat :ni en NHL, ni en NBA, ni en NFL ni en MLB. Donc les seules compétitions sportives qui y ont un intérêt sont les compétitions universitaires et encore le basketball est relégué derrière le football américain qui y est largement plus populaire.

Quand on sait tout ça, on peut se demander ce que Robert Horry qui est demandé par des universités plus prestigieuses, décide de rester dans son état. La réponse est sans doute un besoin de stabilité mais c’est aussi ça Horry, tout au long de sa carrière et de sa vie, il ne cherchera jamais les paillettes ou le glamour. Le bonhomme est donc sobre dans sa vie et dans ses choix

A l’université où il restera 4 années, il jouera avec Latrell Sprewell. Ils connaitront un succès relatif et Horry deviendra notamment le meilleur contreur de son université. En 1992, il décide de se présenter à la draft. Cette année-là, la draft est considérée comme faible car hormis Shaquille O’neal, Alonzo Mournig et dans une moindre mesure Christian Laettner, il n’y avait pas de très gros prospects. Horry est sélectionné par les Rockets qui disposaient du 11e choix. Ces derniers qui venaient de changer de coach voulaient un intérieur capable de soulager Othis Thotpe et Hakeem Olajuwon en sortie de banc et qui pourrait prendre des shoots s’il était amené à jouer ailier. C’était typiquement le profil de Horry qui jouait Ailier ou Ailier fort et qui avait un shoot plus que fiable.

Par ailleurs, il s’inscrit parfaitement dans la logique de Tomjanovitch qui demande à ses shooters d’être une alternative aux prises à 2 sur Hakeem.

Ses deux premières saisons ont pour résultat que si Robert était une superstar au lycée, il n’est qu’un joueur lambda en NBA. Il jouera donc à merveille son rôle avec moins de 30 minutes de temps de jeu sur ses deux premières saisons et des statistiques assez moyennes.

Mais on vous l’a dit plus haut, la carrière de Robert Horry est aussi liée à la chance et en 1994, c’est le premier coup du sort de sa carrière. En effet les Rockets en quête de leur premier titre décident de trader Robert Horry contre Sean Elliot des Detroit Pistons. Sean Elliot avait déjà été all-star et est clairement un meilleur joueur que Robert Horry. Les Rockets sont donc plutôt satisfaits de ce trade qui leur est complètement favorable. Sean Elliot arrive à Houston et rencontre ses nouveaux coéquipiers et là…coup de thêatre, il est recalé à la visite médicale et le trade est annulé. Robert Horry retourne à Houston…Il revient revanchard et prêt à prouver sa vraie valeur. Cette année-là, les Rockets seront champions NBA et en playoffs, Horry va complètement step-up en augmentant sensiblement ses stats par rapport à la saison régulière.

En 1995, les Rockets ont pour objectif de retenir leur titre et Robert Horry devient « Big Shot Bob » . D’abord en saison régulière, dans une équipe qui shoote beaucoup à 3 points, Horry est catastrophique notamment sur les 8 derniers matchs où il traine un 21% de réussite à 3 points. Cette stat est très importante car une fois en playoffs tout sera bien différent.

Dans le game 1 des finales de conférence contre les Spurs. Les deux équipes sont au coude-à-coude et Horry n’a marqué aucun panier pendant le match. Il reste 6.5 secondes quand Olajuwon, pris à 2 par Rodmann et Robinson trouve Horry seul à mi-distance. Un shoot tranquille dans un fauteuil et les Rockets remportent le game 1. Il finit avec 7points, 1 seul panier inscrit en 35 minutes et pourtant c’est bien lui qui donne la victoire à son équipe.

En finales contre Orlando cette fois, Horry refait des siennes dans le Game 3 grâce à un tir à 3-points assassin alors qu’il ne reste que 16.5 secondes à jouer. La suite sera un sweep et le 2e titre consécutif pour les Rockets. A noter que dans le Game 1, Rob bats le record d’interceptions sur un match de finales avec 7 steals.

Jusque là Robert est vu comme un joueur de rotation d’une grande équipe qui a eu la chance d’être au bon moment au bon endroit. La saison suivante pourtant, il va réaliser la meilleure saison de sa carrière d’un point de vue statistique. Rien de bien impressionnant mais les Rockets vont capitaliser cette saison en l’échangeant aux Suns après avoir été éliminés au second tour des Playoffs. Ce trade est l’un des pires de tous les temps puisque les Rockets vont acquérir Charles Barkley qui était vieux et hors de forme en échange de Sam Cassel, Robert Horry, Mark Bryant et Chucky Brown sachant que les 2 premiers cités étaient des éléments importants du back-to-back des Rockets.

Aux Suns, rien ne va, 13 défaites de suite et Robert Horry jette une serviette à son coach de l’époque Danny Ainge. Dans la foulée de cette embrouille Robert est échangé aux Lakers. Encore un coup de chance car il passe d’une des pires équipes de la ligue à une équipe qui vient de signer Shaquille O’neal et qui vient de drafter un jeune garçon de 18 ans du nom de Kobe Bryant.

Ses trois premières saisons avec les Lakers seront ponctuées à chaque fois par des échecs précoces en Playoffs. Mais le monde sait que les Lakers ont le potentiel d’aller beaucoup plus loin.

Et ils le feront dès la saison suivante en 1999-2000. Robert Horry est remplaçant et n’est pas à son aise. En finales, il commence la série par un 1/12 à 3-points sur les cinq premiers matchs. Mais il renversera la vapeur dans le Game 6 avec un très clutch 2/3 à 3 points pour permettre aux Lakers de remporter le titre. Horry est désormais 3 fois champion NBA et ne va pas s’arrêter là.

En 2001, les Lakers sont à nouveau en Finales cette fois-ci contre les Sixers de Allen Iverson.  Dans le Game 3 alors que la série est à 1-1, Robert Horry va jouer son rôle de facteur x en inscrivant 15 points et notamment un tir à 3point dévastateur dans le dernier quart-temps qui permettait aux Lakers d’avoir 4 points d’avance avec 40 secondes à jouer. 4 fois en finales, 4 fois champion…

En 2002, les Lakers en quête de 3-peat retournent en Playoffs. Au premier tour dans le game3 contre les Blazers, Horry est en grande difficulté 0-3 derrière la ligne mais il va avoir une dernière chance puisqu’alors qu’il ne reste que 3 secondes à jouer, Kobe fait la passe à Horry qui tue le match à 3 points avec seulement 3 secondes au chrono. 1-4 à 3 points et un game winner SUR UNE PASSE DE KOBE. Que demande le peuple ?

Le meilleur est pourtant à venir et c’est l’image que va retenir le monde sur la carrière de Robert Horry.

Finales de conférence 2002, Kings vs Lakers. Le Staples Center retient son souffle et pousse derrière ses Lakers qui sont bien en galère contre la magnifique équipe de Sacramento constituée de Webber et Divac entre autres. En galère c’est le bon mot, les Kings mènent la série 2-1 et le match 4 leur est promis puisqu’ils mènent 99-97 avec 6 secondes à jouer et une possession Lakers. La balle est dans les mains de Kobe, le système est inexistant, le « Black Mamba » y va clairement au talent. Il réussit à s’ouvrir le chemin au cercle mais rate son layup. Il reste désormais 3 secondes, le rebond arrive par miracle sur Shaquille O’neal qui tente un « put back » et qui rate aussi. Il reste 2 secondes et cette fois le rebond est pour Sacramento puisque Vlade Divac renvoie le ballon comme il peut. Comme il peut oui, mais le ballon renvoyé arrive entre les mains heureuses de Robert Horry seul à 3 points, il reste 1.4 secondes quand Horry shoote, le buzzer retentit avant que le ballon n’arrive mais la bombe et déjà lancée et panier réussi.  Buzzer beater et game winner pour Robert Horry.

Les Kings ne s’en relèveront pas et seront éliminés avec certes l’aide d’un arbitrage douteux mais aussi parce que prendre un tel coup derrière la tête vous assomme. Les Lakers vont donc en Finales et vont encore l’emporter. C’est la cinquième bague de Robert Horry.

A partir de 2003, l’histoire de Robert Horry va commencer à être pleine d’ironie comme si le destin avait de l’humour. Horry est devenu un chouchou, un porte-bonheur. Il joue tous les 4e quart temps.

Au second tour des playoffs, les Lakers affrontent les Spurs et alors qu’il ne reste que quelques secondes à jouer dans le Game 5, le ballon arrive dans les mains de Horry seul à 3 points et prêt à entrer encore un peu plus dans la légende. Mais cette fois le tir sera raté de peu, de très peu. La série sera remportée par les Spurs en 6 matchs et ces derniers mettront fin à l’hégémonie des Lakers.

Ce sera aussi la fin de l’aventure de Robert à LA, puisque free agent il signe avec … les Spurs qui viennent de l’éliminer et en plus d’être champions. Comme quoi Kevin Durant n’était pas un pionnier.

Avec sa nouvelle équipe, Horry va perdre là encore d’une manière assez drôle au second tour des playoffs contre…les Lakers. Rien de pire que de se faire humilier par son ex et là ce sera bien pire car Horry qui est habitué à marquer des game winners et à tuer les matchs va cette fois en être victime. C’est le fameux shoot au buzzer de Derek Fisher. Dur de se faire tuer par son propre poison…

A 35 ans, et sortant de la pire saison statistique de sa carrière, les observateurs s’attendent à ce que Robert annonce la fin de sa carrière. Pourtant, il va continuer et fera une saison 2004-2005 un peu meilleure mais toujours aussi moyenne. Mais bon, la légende de ce joueur s’écrit en playoffs et encore une fois, il sera exceptionnel.

En finales, les Spurs affrontent les champions en titre de Detroit qui sont la meilleure défense et l’équipe la plus dure de la ligue. La série est à 2-2 et c’est un match 5 décisif qui va se jouer. Tim Duncan fait un match de dingue au nez et à la barbe de Ben et Rasheed Wallace. Mais malgré cette performance, le score est très serré à l’entrée du 3e  quart-temps. Playoffs, match serré, dernier quart-temps… Vous l’aurez compris, c’est le Horry Time.

Robert Horry n’a marqué qu’un seul tir à 3-points quand il commence le dernier quart. Il n’est donc pas vraiment chaud mais pourtant, il va enchaîner 18 points dans le 4e quart-temps et en prolongation avec une impressionnante série de 7 points en 58 secondes. Et surtout un dernier tir qui va sceller la victoire des Spurs alors qu’il ne restait plus que 6 secondes à jouer.

Après cette victoire décisive, les Spurs réussissent à remporter le trophée, le 6e  pour Big Shot Bob soit autant que Jordan, Pippen, Kareem ou Bob Cousy.

6 titres et toujours pas rassasié, Horry sera victime de l’incapacité des Spurs de réaliser un back-to-back. Une défaite donc cette fois en playoffs contre les Suns de Steve Nash qui commencent une ère de domination sans titre.

En 2006-2007, Horry a 37 ans, il est cramé et on se demande même si Popovich ne l’a pas gardé dans son effectif par pure superstition. Si c’est le cas, ce n’était pas une mauvaise idée puisque Horry réussira à être clutch mais pas forcément pour les raisons attendues.

En effet, les Spurs retrouvent les Suns au second tour des Playoffs avec des airs de revanche. Mais on ne va pas se mentir, les Suns sont bien meilleurs, ils sont sans aucun conteste la meilleure équipe de la ligue grâce au jeu offensif de Mike D’antoni et au génie de Steve Nash. Et dans le match 4, les Suns sont devant de 3 points alors qu’il reste moins d’une minute. Comme n’importe quel coach, Pop demande à ses joueurs de faire faute pour arrêter le chrono. Rien de spécial en principe mais bon avec Robert Horry tout a une conséquence. Le ballon est dans les mains de Steve Nash qui était à 16 passes décisives et Robert Horry doit se charger de faire faute. Seulement la faute sera très dure : un gros coup de hanche sur le frêle canadien qui se cogne en plus sur la table des juges. Nash se relève mais le banc des Suns, énervé s’en prend violemment à Horry et s’en suit une mini-bagarre générale. La NBA intraitable avec les bagarres décide de suspendre tous les joueurs impliqués en suspendant Boris Diaw qui était MIP la saison d’avant, Amar’e Stoudemire qui était le deuxième joueur le plus important des Suns et ce bon vieux Robert qui il faut le dire ne servait plus à rien chez les Spurs. Le bilan est donc terrible, la NBA suspend 2 joueurs important pour les Suns et un figurant chez les Spurs.

 

Phoenix perdra la série, le handicap était insurmontable et les Spurs iront remporter le titre avec un Tony Parker MVP des finales.

Sept fois champion, c’était sans doute le nombre de titres qu’il fallait pour que Robert tire sa révérence. Comme un symbole, au moment de sa retraite, Horry a deux records, tous en playoffs : celui du nombre de tirs à 3-points inscrits (il est désormais 13e de ce classement avec l’explosion des tirs à 3-points) et celui du nombre de matches en playoffs (désormais 3e derrière Derek Fisher et Tim Duncan).

Avec un tel palmarès, se pose la question évidente du Hall of fame . Car si le but du jeu est de gagner, un joueur qui a connu du succès avec trois équipes différentes devrait avoir un statut autre. C’est vrai qu’il n’a pas les stats, le charisme, le talent ni même le flow d’une légende mais il en a le palmarès. Et surtout il a des actions marquantes à des moments cruciaux. Il serait donc normal que cet homme à la carrière si atypique soit récompensé. Malheureusement, cet honneur ne lui sera sans doute jamais fait dans une ligue -et un pays- où seule la hype a de l’importance.

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