C’était le premier vrai lieutenant de LeBron James et même son mentor, lui qui a accompagné le King dans son développement et l’a amené à son prime (enfin du moins les trois-quatre premières années des 10 qui le composent), lui qui fut son premier partenaire pour affronter une équipe de l’Ouest en Finales NBA. C’est son anniversaire aujourd’hui (hier en réalité), il fête ses 44 printemps from Lithuania. Su gimtadieniu comme on dit là-bas !
Et non, comme on a été habitué récemment, les lieutenants de LeBron n’ont pas toujours été des meneurs dribbles de génie ou des arrières scoreurs absolument All Time. Mais, non, le King n’a pas toujours eu un management très performant, et lors de ses premières années, il a dû se contenter d’une équipe très moyenne, et avec comme bras droit, un vrai bon pivot lituanien dont nous allons vous parler et All-Star qui puis est.
Comme tout bon basketteur européen qui se respecte, Ilgauskas n’est pas passé par la case NCAA ou même le circuit AAU, pourtant en vogue à l’époque, mais bien par une formation européenne, lituanienne plus précisément. Il a fait ses classes au Žalgiris Kaunas dans un premier temps, puis le Kauno Atletas, les deux clubs se situant dans la ville de Kaunas. A l’inverse d’un Bill Laimbeer qui avait plus le physique d’un banquier, et qui paraissait inoffensif, notre compère lituanien lui, avait la carrure d’un équarrisseur. Il sortait tout droit d’une formation de videur dans les boîtes les plus sombres du fin fond des pays de l’Est.
Pour vous représenter le bonhomme, il était annoncé à 2m21 avec 118kg, difficile donc de le déplacer dans les raquettes NBA. Il se présente à la draft de 1996, et il est choisi en 20ème position par les Cleveland Cavaliers (on peut déjà voir qu’il semble faire le double de la taille de ce bon David Stern). Il arrive dans une équipe composée de quelques belles pièces, notamment Shawn Kemp qui, l’année de son arrivée envoyait sa dernière saison de All Star (18 pts, 9 rebonds, 1 contre). Il ne jouera qu’à partir de la saison 1997-1998, et posera directement du lourd sur les parquets.
Sa première régulière en NBA, il la finira sur des base de 14 points, 8,8 rebonds et 1,6 contres en 81 matchs. Il sera même élu dans la All NBA Rookie First Team, formant une raquette avec le rookie de l’année unanime, Tim Duncan (membre de la All NBA First Team cette année là). Dans cette équipe nous retrouvons aussi d’autres noms comme Keith Van Horn (aux Nets à l’époque) ou encore Brevin Night, coéquipier d’Ilgauskas aux Cavs. Cette nomination rassure les craintes des observateurs, notamment dans l’Ohio, qui s’interrogeaient sur la durabilité physique de grands pivots européens. À la suite de cette saison, les Cavaliers iront en Playoffs, où ils ne passeront pas le premier tour (défaite 3-1 face aux Pacers de Reggie Miller).
Ehhh bien leurs craintes vont se confirmer dès la saison suivante, puisqu’il jouera seulement 5 match, et aucun sur la saison 1999-2000. Sa première vraie saison pleine, au dessus des 70 matchs joués, sera l’exercice 2002-2003 (81 matchs). Pour laquelle il sera récompensé de sa première sélection au All Star Game sur les bases d’une saison solide (17,2 points, 7,5 rebonds, 2 contres le tout à plus de 78% aux lancers et 44% au tir). Ses blessures et le manque de playoffs ne freinent pas les Cavs, qui offrent un contrat de plus de 70 millions de Dollars sur 6 ans, et il devient automatiquement le plus gros salaire de l’équipe (et même un des plus gros de toute la NBA).
Et fort heureusement pour eux d’ailleurs, car cette première sélection All Star amènera un deuxième avènement, le plus beau de l’histoire de Cleveland : Le 1st Pick, l’année où LeBron James est disponible à la draft. Que demander de plus ?
L’époque LeBron : (2003-2010)
Et oui, le choke à la draft des Cavs n’existait pas encore avant le début des années 2013 (cc Anthony Benett et Andrew Wiggins), du moins il n’existait pas en 2003. Car oui, certains pensent qu’ils sont passés à côté du crack Darko Milicic, d’autres sont fortement partisans du choix de Cleveland, on se demande bien à qui donner raison aujourd’hui tiens. Accompagnés maintenant donc de LeBron James, Carlos Boozer (oui, il fut un bon joueur de basket à un moment donné, beaucoup ont du mal à la croire) et même Ricky Davis (blessé cette saison là, il ne jouera que 22 matchs). Les Cavs retrouveront les playoffs en 2005, pour la première fois depuis 7 ans, ils passeront le premier tour (victoire 4-2 face aux Wizards de Gilbert Arenas, eh oui, ce n’est pas assez loin les lancers pour Gilbert), mais ils chuteront en demi (4-3) contre les Pistons (qui perdront ensuite face au Heat en Finale de conférence). En effet, on voit vite la différence entre Shawn Kemp et LeBron James tout d’un coup en playoffs. Et forcément, qui dit LeBron James, dit Playoffs tous les ans tant que l’on est avec lui (Cc les Lakers), et la consécration arrivera l’année suivante…
Saison 2006-2007 : Cleveland devient important
C’est avec la saison 2007 que LeBron commencera à s’asseoir dans la cour des grands (élu dans la All NBA 2nd Team + 3ème sélection au ASG après une saison en 27,3/6,7/6), et avec lui ses Cavs qui outre Zydrunas, avait comme meilleur joueur Larry Hughes. Avec le deuxième meilleur bilan de la conférence Est (50-32) derrière les Pistons (53-29). Les champions sortants, le Miami Heat finit seulement 4ème de conférence et leur parcours en post season s’arrêtera brutalement avec un sweep face aux Bulls, dès le premier tour. Le sweep d’ailleurs, les Cavs le connaissent bien, puisqu’ils l’orchestrent parfaitement face aux Wizards, privés de Gilbert Arenas. Le premier tour, géré comme il faut, ça commence à être habituel chez les Cavs. Le second tour arrive, et les Nets (basés encore à New Jersey à l’époque) constituent un adversaire plus coriace avec notamment le fameux trio des années 2000, certes un peu âgé : Carter, Kidd, Jefferson. Il n’y aura pas de véritable adversaire très important dans la peinture pour Ilgauskas, seul Mikki Moore et encore. Une série plutôt bien négociée pour le pivot lituanien avec 11 points et 9 rebonds de moyenne tandis que son adversaire direct tournait à 14,8 points et à peine 5 rebonds. Il joue un rôle de patron d’expérience chez des Cavaliers guidés par un tout jeune joueur, il connaît parfaitement la maison puisqu’il y évolue depuis 9 saisons maintenant. Ils passeront l’obstacle Nets en 6 matchs après avoir bien géré à la maison (2-0 au bout de deux matchs) puis à l’extérieur (1-1 sur les deux matchs dans le New Jersey) avec gros match 4 d’Ilgauskas pour passer à 3-1 (13 points, 11 rebonds à 5/6 aux lancers). Ça y est, Cleveland avance en Finales de Conférence, les premières depuis 15 ans (perdues 4-2 face aux Bulls de Jojo), les 3èmes de l’histoire de la franchise. Mais s’arrêter en Finales de Conf ? Vraiment ? Ce n’était pas dans les plans de LeBron et compagnie, qui ont sur leur route pour la Finale NBA, des Pistons qui enchaînent leur 5ème Finale de Conférence d’affilée avec le Sheed, Billups, Rip Hamilton et Chris Webber.
Mais encore une fois, le phénomène King James sera trop fort pour que les Pistons ne puissent le stopper. Ils menaient pourtant 2-0 dans cette série, en ayant bien assurés à domicile sur les deux premiers matchs, deux victoires 79-76 pour les Pistons. Un réveil des Cavs à domicile, et la série revient à 2-2 avec un match 5 à Détroit. Match sous haute tension, pour un match 5 que tout le monde sait décisif avec une odeur de derby (145 km seulement séparent les deux villes). Ce match tiendra toutes ses promesses et sera extrêmement serré, puisque sur les 4 quarts temps, l’écart entre les deux équipes ne dépassera jamais les huit points. Dans un Palace d’Auburn Hills chauffé à blanc, LeBron James égalise à 91 partout d’un dunk à deux mains, il reste 9,5 secondes à jouer… L’overtime est inévitable après que Chauncey Billups ait manqué le shoot à trois points qui aurait pu changer le court de cette série. Il se rattrapa quelques minutes plus tard en forçant un second overtime avec deux lancers réussis pour égaliser à 3 secondes de la fin.
Mais la fin semblait encore une fois écrite, et aucun fan des Pistons n’a pu l’oublier… LeBron James est en tête de raquette, derrière la ligne à trois points, c’est Varejao qui sert de baobab sous le cercle, Ilgauskas étant sorti 1 minute plus tôt. Le King est défendu par Chauncey Billups, tout le monde s’écarte, le chrono défile… A 5 secondes de la sirène finale, il déclenche sa pénétration, tout en puissance face à un Billups qui physiquement ne fait pas le poids mais défend extrêmement bien. Le Choosen One s’élance de la ligne de lancers, décolle, navigue en l’air et évite Tayshaun Prince et Rasheed Wallace qui étaient venus resserrer. Mais rien n’y fera, il feinte une sorte de double pas up and under et ficelle. Il reste seulement 2 secondes à jouer. Cleveland + 2. LeBron retourne sur son banc avec le sentiment du travail accompli et le géant lituanien le félicite. En même temps, il gagne le match 5 quasiment tout seul en mettant tout l’Ohio sur son dos : 48 points, 9 rebonds et 7 passes. On peut également noter le très bon match encore une fois d’Ilgauskas, deuxième meilleur marqueur des Cavaliers (16 points, 8 rebonds, 2 passes et 2 contres à 66% FG & FT).
Retour à Cleveland avec un avantage certains pour les Cavs, qu’ils confirmeront en remportant le Game 6 avec 16 points d’écart. Ça y est, l’Ohio goûtera à ses premières Finales NBA, avec des Cavaliers qui joueront face aux Spurs, qui ont écarté successivement les Nuggets (4-1), les Suns (4-2) et le Jazz (4-1). Les Texans jouent le rôle de favori, puisqu’ils sont déjà bagués (1999, 2003, 2005) et avec un roster plus complet. Ils ont de plus l’avantage du terrain en cas de match 7… Malheureusement, la loi du plus fort fut totalement respectée. Et même notre bon Ilgauskas fut logiquement dominé par son compère de la Draft 1997, Tim Duncan. Pour la première fois de ces playoffs, le pivot descendra sous les 10 points de moyenne sur une série, face à un Duncan qui tourne en 18,3 points et 11,5 rebonds. De son côté LeBron sera géré / contenu au mieux par Bruce Bowen, et il permit au trio Gino-Duncan-Parker d’exceller avec 60,6 points de moyenne à trois sur la série. Après deux victoires sèches et nettes des Spurs à domicile (85-76 / 103-92), Cleveland retrouve sa salle et on peut dire que le fait de jouer à domicile rassure fortement LeBron et les siens. Le match 3 sera très serré et le duo James( 25 points) – Ilgauskas (18 rebonds) sera encore une fois déterminant mais il ne suffira pas, puisque cette fois-ci, Manu Ginobili ne chokera pas et il ne tremblera pas aux lancers. 3-0 pour les Spurs, l’avantage est pris. Pour le match 4, le scénario sera identique ou presque : gros trois points de LBJ en fin de match pour ramener les siens à 2 points, mais encore une fois Manu rentrera ses lancers et le trois points au buzzer de Damon Jones n’y changera rien. La série est finie, 4-0 pour les Texans qui n’ont pas tremblé, Cleveland est sous le choc. Il sera difficile de s’en remettre.
La saison suivante ? On prend les mêmes et on recommence, James et Ilgauskas sont toujours là, avec un an de plus. 4èmes de conférence, les Cavs retrouveront les Wizards au premier tour, qu’ils sortiront sans trembler (4-2), puis les Celtics seront trop forts pour les Cavaliers, qui devront s’incliner au terme d’une série légendaire qui durera 7 matchs. Les Finales ne seront plus jamais atteintes par les Cavs (avant 2015) qui s’inclineront en Finale de Conférence en 2009 face au Magic de Dwight Howard (4-2). Cette saison marquera la dernière de Ilgauskas au dessus de bases de 12 points et 7 rebonds. Il a maintenant 33 ans et influence beaucoup moins le jeu par sa taille et son tir. Il fera encore une année dans son équipe de cœur puis suivra son ami LeBron au Heat pour essayer d’aller chercher une bague à l’été 2010. Il jouera 9 matchs en playoffs avec très peu de temps de jeu (11 minutes en moyenne) et donc un impact très faible et il verra ses coéquipiers échouer en Finales face aux Mavs, pour la revanche de 2006.