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Analyses

Les mécanismes du marché #3 : comment les salaires sont distribués ?

Après les qualifying offer et les exceptions au salary cap, c’est au tour de l’attribution des salaires d’être passé au crible. Alors, est-ce que vous savez comment les montants des salaires sont déterminés ? Combien un rookie touche de dollars ? Comment sont déterminés les salaires minimum et maximaux ? D’ici 5 minutes, vous saurez tout ça et aurez une vision encore plus claire du marché de la Free Agency en NBA.

 

Tout d’abord, je vous invite à relire les articles sur les exceptions du salary cap et les qualifying offer afin de bien comprendre comment le salary cap est mis en place. Pour les plus flemmards voici un petit rappel. La NBA, les joueurs et les propriétaires de franchise sont réunis par un contrat, le CBA. Ce CBA détermine, en fonction des revenus que touche la NBA avec les droits télés, la somme totale dont disposent les franchises pour pouvoir recruter et compléter leurs effectifs : le salary cap.

Mais en quoi le salary cap intervient-il dans le calcul des sommes que peuvent toucher les joueurs ? Et bien, il paraît logique dans un premier temps qu’un joueur ne peut pas prendre tout le cap alors qu’un roster total est bien souvent composé de 15 joueurs. Mais cela va plus loin que ça. Tout les salaires de tous les joueurs sont calculés sur la base du salary cap. Et ici, je tâcherai de vous faire comprendre pourquoi et comment cela est possible.

Premièrement, nous évoquerons le cas le plus connu du contrat max. Donné qu’aux joueurs ayant participé plusieurs fois à la nuit des étoiles ou à des jeunes pousses au potentiel très élevé, ce type de contrat n’est pas anodin et en donner un à un joueur montre toute la confiance que le front office a en lui.

Ce contrat max n’est cependant pas le même pour tous selon certains critères. En effet, selon l’ancienneté des joueurs, le montant qu’ils peuvent toucher diffère. On dénombre alors 3 contrats max possibles :

  • Le contrat à hauteur de 25% du salary cap total
  • Le contrat à hauteur de 30% du salary cap total
  • Le contrat à hauteur de 35% du salary cap total

L’éligibilité à tel ou tel contrat dépend de nombreux facteurs comme le round (1er ou 2eme) auquel le joueur a été drafté ou s’il est en contrat rookie mais le principal facteur reste celui de l’ancienneté. Ainsi, les joueurs chevronnés sont mis à l’honneur puisque pour toucher 30% du salary cap total, il faut être depuis au moins 7 ans dans la Ligue et pour obtenir 35%, il faut y être depuis plus de 10 ans. C’est pour cela que Devin Booker ne peut prendre “que” 158M de dollars sur 5 ans quand Curry est au dessus de 200M. Le cap étant fixé à environ 102M de dollars pour la saison 2018-2019, le maximum qu’un joueur peut toucher sur une année (soit 35% du cap total donc) est de 35,7M de dollars pour la saison prochaine.

Néanmoins, depuis la signature du nouveau CBA en 2016, un nouveau type de contrat max est arrivé : le Designated Veteran Player Contract

Ce contrat permet à des joueurs ayant passé 7 ou 8 saisons dans la ligue de recevoir un contrat max à hauteur de 35% du cap malgré le fait que leur expérience en NBA soit inférieure à 10 ans. Pour cela, il faut que les joueurs aient également été nommé dans une NBA All-Team l’année précédant le contrat ou au moins 2 années sur les 3 dernières, ait été MVP ou DPOY dans les trois années précédentes. Dernière condition, il faut que ces joueurs n’aient jamais changé d’équipe excepté si leur changement est dû à un trade. Cette mesure a été mise en place pour permettre aux joueurs fidéles d’avoir une raison de plus pour rester dans leurs franchises.

Pour les contrats minimum, l’affaire est, et je vous rassure, bien plus simple. Ici, seule l’ancienneté entre en jeu. En effet, comme pour les contrats max, un joueur n’ayant aucune ancienneté ne peut pas prétendre au même contrat minimum qu’un joueur vétéran avec plus de 10 ans d’expérience. C’est notamment pour ça qu’on parle de minimum vétéran. Car la différence est assez énorme entre un joueur novice et un vieux briscard. Alors qu’un joueur sans aucune expérience ne peut obtenir qu’environ 0,8% du cap total (soit près de 582 000 dollars), un joueur présent en NBA depuis au moins 10 ans peut prétendre à près de 2% du cap total (environ 1,62M de dollars). On a donc une différence de plus de 1M de dollar entre les deux, ce qui, à l’échelle d’un journeyman, est énorme.

Le dernier type de contrat (les 2 way contract sont traités ici) est le contrat rookie. En effet, on ne donne pas n’importe quel somme à n’importe quel rookie. Tout d’abord, il est important de présenter la rookie scale. Cette échelle permet de déterminer à 80, 100 et 120% la somme que doivent percevoir chaque rookie selon sa place. Il faut aussi dire que les rookies touchent pratiquement tout le temps le salaire prévu à 120% de l’échelle soit 20% de plus que ce qu’il devrait toucher. Mais en termes de chiffres qu’est-ce que cela représente ?

Pour l’année 2018-2019 et la cuvée que nous allons voir en action la saison prochaine, le rookie drafté à la première place, Deandre Ayton, touchera presque 6,8M de dollars et presque 38M de dollars garantis sur 4 ans. Différence énorme avec le 5ème choix, Trae Young, qui ne prendra “que” 4,5M de dollars la saison prochaine et n’aura que 21,4M de dollars garantis sur les 4 prochaines saisons. Quant au 10ème, ce sera seulement 3M la saison prochaine et 16M sur 4 ans. Enfin, le 30ème choix ne prendra que 1,4M l’année prochaine et 7,5M d’ici 2023.

Un autre facteur encore plus important pour déterminer le contrat que la place est le tour auquel le rookie est choisi. Si un rookie est drafté au premier tour, son contrat est garanti sur 2 ans et au terme de sa deuxième année, sa franchise a la possibilité de le retenir 2 ans de plus grâce à une team option. Cela n’est pas effectif pour les rookies du second tour qui ont un salaire bien moins important que les rookies draftés au premier tour mais qui, en plus de cela, ne voient leurs contrats garantis que 2 ans sans possibilité pour leurs franchises de les prolonger, ils doivent obligatoirement devenir free agents. Un inconvéniant donc même si, à l’image de notre français drafté aux Suns avec le premier choix du second tour, Elie Okobo, des exceptions peuvent être faites avec des contrats de 4 ans proposés aux rookies draftés au second tour.

Et enfin, un dernier point bien particulier à la NBA, un joueur ne peut pas toucher les mêmes sommes s’ils changent de franchise. Cela permet aux franchises de proposer un contrat plus alléchant aux joueurs qui leur sont loyaux. Avant d’expliquer cela, il est important de préciser qu’en NBA, l’immense majorité des contrats sont de type progressif, c’est-à dire que la somme perçue par le joueur augmente chaque année. Cela acquis, un autre détail permet de comprendre comment les joueurs peuvent savoir ce qu’ils peuvent percevoir.

En effet, un joueur peut avoir un contrat plus avantageux pour lui s’il reste dans une franchise. Il bénéficie alors d’un taux progressif de 7,5% chaque année alors que s’il change d’équipe, il n’aura un taux progressif que de seulement 4,5%. Il faut bien comprendre que cette différence de 3% est absolument énorme lorsque l’on parle de sommes avoisinat les 35M de dollars. Aussi, en gardant la même franchise, un joueur peut avoir un contrat max sur 5 ans comme Devin Booker a eu, alors qu’un joueur changeant de franchise alors qu’un joueur qui change de franchise ne pourra signer que 4 ans au maximum. Cependant, les joueurs contournent l’inconvéniant du taux moins avantageux en signant des contrats d’un an qui leur permettent de bénéficier du contrat max le plus avantageux pour eux chaque saison.

Voilà cette explication est terminée. J’espère qu’elle vous aura permis de comprendre un peu mieux comment les salaires sont distribuées et également d’assimiler le fait que l’on ne donne pas n’importe quel contrat à n’importe quel joueur. Néanmoins, malgré tout cela, des contrats resteront toujours incompréhensibles comme ceux de Chandler Parsons ou de Luol Deng. Mais si l’on devait retenir une chose de tout ça, c’est bien que la NBA met des choses en oeuvre pour que les joueurs et notamment les stars restent dans leurs franchises respectives et honorer les joueurs qui sont depuis longtemps sans son système. Mais, en dépit de tout, elle ne peut pas empêcher les joueurs de prendre des salaires inférieurs à ce qu’ils mériteraient pour rejoindre une franchise compétitive (oui oui, on parle bien de Demarcus Cousins). C’est d’ailleurs une des seules failles de ce système de contrat qui n’empêchent pas les superteams et ne peut rien faire contre plusieurs joueurs All-Stars qui veulent s’allier dans le seul but de récupérer une bague. Mais vous trouverez quelqu’un qui en parle mieux que moi ici.

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