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Analyses

Hand checking, dress code, défense de zone, popularisation de la ligue : la NBA était-elle mieux avant ?

Getty images

« Comparer » est sans doute l’activité préférée des fans de NBA. Mais il ne fait aucun doute que la comparaison la plus dure est la comparaison des époques tant les circonstances sont différentes. Mais puisque l’on aime pas la facilité chez « TDD », on va comparer la ligue toute entière à des époques différentes . Avant  vs Maintenant.
La première difficulté est évidemment de déterminer ce qu’est le « Avant »puisque forcément,la NBA a connu plusieurs époques aussi différentes les unes que les autres. C’est ainsi que de manière arbitraire nous allons choisir de considérer la période de 1975 à 1999. Et que la période « Aujourd’hui » serait comprise entre 2005 à nos jours. 2005 étant l’année d’entrée en vigueur du Dress code qui représente un marqueur important dans le virage pris par la ligue.
Pour comparer, nous allons utiliser  un certain nombre de critères que sont le jeu (évidemment),le spectacle, la popularité et l’authenticité.

#1 La recherche du beau et du spectacle au détriment du jeu

C’est évidemment l’aspect le plus important quand on parle d’un sport car c’est celui qui se remarque en premier. Et il ne fait aucun doute que c’est l’un des points qui a le plus évolué. L’évolution majeure  a été introduite en 2001 avec notamment la suppression de la défense illégale qui empêchait à un joueur de « flotter » loin de son adversaire directe. Cette suppression a provoqué une réaction en chaîne puisqu’elle ne signifiait ni plus ni moins que l’avènement de la défense  de zone en NBA. Ce changement avait pour but de réduire le nombre d’isolations qui devenait insupportable et de contraindre les équipes comme les Sixers à envisager d’autres options offensives que « de donner le ballon a Iverson et le laisser faire ». Défensivement, la règle du « 3 second violation  » a été introduite pour nuancer la défense de zone. Vu comme ça, rien de bien fou mais cette  règle a simplement révolutionné la NBA et poser les bases du basket d’aujourd’hui.

En effet ,la défense de zone ,c’est la défense collective et donc quand une équipe adopte un schéma de défense collective pour stopper un joueur, l’équipe prend le risque que sa défense ne soit pas adapté aux quatre autres joueurs adverses. Conséquence évidente,les équipes vont attaquer à 5 et tenter de trouver le plus d’alternatives offensives possible. Finie donc l’époque où des équipes pouvaient jouer avec 2 ou 3 défenseurs exclusifs. Désormais ,tous les joueurs doivent savoir marquer et de manières différentes. De ce fait, l’isolation a été remplacée par la recherche du décalage et c’est à ce moment que s’est popularisé… le « pick-and-roll ». C’est  l’arme offensive la plus utilisée de notre ère avec des déclinaisons à l’infini. Les meilleurs joueurs offensifs ne sont désormais plus ceux qui jouaient en isolation et attiraient des prises à deux mais sont désormais ceux qui savent tirer profit du décalage provoqué par un écran soit grâce à un gain d’espace, un mismatch , une passe dans le corner ,un « pick-and-pop » ou simplement une passe pour l’intérieur qui roule seul vers le cercle.

La sur-utilisation du pick and roll a « tuè » les intérieurs techniques à l’ancienne qui privilégiaient plus le sens du post-up et du hook. Aujourd’hui,le pivot n’est plus un joueur de basket, c’est un athlète de plus de 2mètres05, qui court vite pour aller au cercle , qui est explosif pour récupérer les passes lobées de son meneur en conclusion d’un pick-and-roll. Le pivot des années  2010 est en fait n’importe qui sans talent particulier hormis un physique hors norme. Le pivot moderne c’est  Deandre Jordan ou  Clint Capela et sont tous bien loin de la grâce de Hakeem Olajuwon. C’est d’ailleurs simple,un pivot sans explosivité est relégué au second plan et ce peu importe l’étendue de son talent (Jahlil Okafor). De même les ailiers forts ne sont plus  que des joueurs capables de shooter à mi-distance et parfois mieux à 3 points. Les ailiers forts d’aujourd’hui sont les ailiers d’hier et Kevin Love est il vraiment un intérieur alors qu’il passe sa vie au large? Serge Ibaka qui était une véritable menace intérieure joue comme Ray Allen et ce n’est un hasard si il est passé de Serge « IBLOCKA » à un simple  mannequin qui fait l’objet d’une chanson de Dadju. Les ailiers doivent tous être capables de jouer au poste 4 pour les besoins du « small ball » et défendre dur. Vous avez forcément entendu parler de ce concept du « 3 and d ».Traduisez « mettre des 3 points et défendre » qui est malheureusement devenu la définition de l’ailier moderne.

Le problème c’est que les GM ne cherchent pas des idées et se cantonnent à suivre la mode en cherchant ces profils stéréotypés. Les pivots sans talent et les « 3 and d » sont surpayés et handicapent le salary cap de leurs équipes alors que dans l ‘absolu pourquoi donner un tel salaire à Clint Capela alors que n’importe quel joueur au physique similaire pourrait théoriquement faire aussi bien que lui après un temps d’adaptation.

Au delà de la mise en place de la défense de zone, il y’a également la suppression progressive du « hand-checking » qui est désormais considéré comme une faute depuis la saison 2004-2005. Le « hand-checking »,

(Photo by Andrew D. Bernstein/NBAE via Getty Images)

ce n’est ni plus ni moins que le contact de la main du défenseur sur le corps ou le bras de son adversaire pour le forcer à jouer d’un côté ou d’un autre (photo). C’est un enfer pour l’attaquant quand le défenseur le fait bien.Mais pour le spectacle et la volonté de  laisser les équipes marquer  plus de points, la NBA a choisi d’en faire une faute et  donc de rendre l’accès au panier beaucoup plus simple. Dès lors, les moyennes de points des joueurs actuels sont à relativiser surtout quand il nous vient l’idée de les comparer aux grands anciens. Il en  va de même pour le ball-handling. Kyrie et Steph Curry sont très impressionnant balle en mains mais c’est beaucoup plus facile quand personne ne peut te toucher.

Enfin, dans le jeu, il y a le cancer du basket: le flop (les simulations). Il y en a toujours eu et il y en aura toujours mais nos joueurs préférés sont aussi de vrais acteurs cinéma capables de glisser sur 5m pour un léger contact ou de se tenir le visage  pour un un coup inexistant. Et ce sont les meilleurs joueurs qui floppent malheureusement le plus. LeBron James et James Harden sont magnifiques à regarder sauf quand ils transforment les matchs NBA en scène de théâtre avec la complicité des arbitres qui se sentent obligés de leur accorder des lancers à chaque fois qu’ils pleurnichent un peu.

En résumé ? Le basket d’aujourd’hui est plus offensif et sans doute plus spectaculaire mais pour en arriver là,il a fallu sacrifier tout ce qui rendait cette ligue aussi mythique : la défense et la dureté. Des athlètes de plus en plus impressionnant pour beaucoup moins de contacts autorisés…cherchez l’erreur. Pourtant le plus beau des spectacles n’est il pas de confronter l’offensif au défensif plutôt que de privilégier les attaquants en réduisant les armes défensives ?

#2 La recherche de la popularité et la perte d’authenticité

A l’ère des réseaux sociaux , tout est plus accessible est c’est ainsi que la NBA n’a jamais été aussi populaire. Les joueurs même moyens multiplient les tournées mondiales. La NBA n’a jamais autant été regardée à travers le monde mais surtout elle n’a jamais autant été ancrée dans la culture populaire. Entre Barack Obama qui va voir les matchs des Bulls,Drake qui fait office de VRP pour les Raptors, Supreme qui tente de s’incruster, le NBA league pass qui est worldwide,les matchs de saison régulière à Londres et Mexico,le nombre de joueurs étrangers qui ne cesse de grandir, le succès de NBA 2k etc.  En bref les stars de cette ligue sont des célébrités y compris  aux yeux de personnes qui n’ont pas vu le moindre match de basket de leur vie.C’est le cas depuis Magic et Bird puis Jordan mais désormais le rang de superstar mondiale n’est plus réservé qu’aux trois ou quatre meilleurs joueurs de la ligue mais à tous les joueurs capables de gérer au mieux son image. Mais c’est bien là le soucis, à force de vouloir faire de la com’, de polisser l’image ,la ligue  a simplement perdu de son authenticité. La place n’est plus aux fortes personnalités auxquelles tout le monde pouvait s’identifier. Les Barkley,Isiah et Rodman ont laissé place aux âneries de Draymond Green qui dans cette ligue aseptisée passe pour un caïd. Aujourd’hui la ligue ne laisse plus rien passer, ni les critiques venant de joueurs/entraineurs ni les attitudes hors du terrain qui pourraient porter atteinte à l’image de la NBA.

Et surtout la NBA a instauré un « dress code » pour mettre un terme au style « hip-hop » qui envahissait la ligue et que David Stern trouvait si vulgaire. Mais en quoi les jeans baggy étaient plus vulgaires que le style complètement déluré de Russel Westbrook? Car a part le prestige des marques,c’est tout aussi moche. Bref l’idée est ici de dire qu’à force de vouloir s’ouvrir un peu plus,la NBA a créé un cadre qui tue les fortes personnalités auxquelles pourraient s’identifier chacun de nous. Le joueur NBA est donc aujourd’hui une sorte d’homme politique qui fait attention à tout ce qu’il dit et tout ce qu’il fait quitte à parfois donner l’impression que c’est « surjoué ».

Il est certain que la NBA a pour rôle de définir des limites et de sanctionner pour éviter des débordements comme le fameux « Malice at the palace » mais il est regrettable que notre ligue soit devenue une sorte de couvant où les joueurs se ressemblent un peu tous les uns et les autres

 

Vous l’aurez compris, la NBA est devenue plus soft que jamais , aussi bien en terme de jeu pratiqué qu’en terme d’attitudes. La conséquence? moins de dureté, moins d’authenticité, moins de personnalités , moins de défense et moins de VRAI.Mais malgré tout, la ligue vit son âge d’or sur le plan commercial et il faut comprendre par là que la ligue se vend mieux telle qu’elle est aujourd’hui . Par conséquent il y a  fort à parier que les choses vont continuer dans ce sens et que d’aucun diront que c’est du fait de cet « adoucissement » qu’un nouveau public a été capté.
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