Dans le lot des préjugés simplistes de l’histoire de la NBA , il y a beaucoup de grandes histoires qui sont minimisées du fait des circonstances dans lesquelles elles sont arrivées. Par exemple « Scottie Pippen a eu une grande carrière parce qu’il a joué avec Michael Jordan », « La NBA a truqué la série Kings-Lakers de 2002 », « Robert Horry a juste eu de la chance pour gagner 7 titres ». « Dans les 90’s, les Warriors ne gagneraient pas… ». Dans la même veine, selon les spécialistes du » What if », le back-to-back des Rockets (1994 puis 1995) n’a pu avoir lieu que parce que Michael Jordan avait pris sa première retraite pendant cette période. Pourtant cette pensée n’est pas aussi être aussi vraie que cela car un certain nombre de faits objectifs prouvent le contraire..
Après son premier 3-Peat, Michael Jordan décide de mettre un terme à sa carrière. Éprouvé par la perte de son père, il va se reconvertir dans le base-ball. Pendant les deux saison qui vont suivre les Rockets sont champions deux fois. Imaginons alors tout bêtement que cette retraite n’ait jamais eu lieu.
Nous sommes à la saison 1993-1994, Michael Jordan a désormais 31 ans et est triple champion NBA en titre. Depuis 1990 aucune équipe ne peut résister à cette armada dirigée d’une main de maître par Phil Jackson. En face les Rockets de Hakeem Olajuwon qui ne sont plus allés en finale NBA depuis le début des années 80.
Dans l’hypothèse d’une finale entre les deux, la tactique aurait été un des enjeux majeurs. Les Bulls avec l’attaque en triangle et le talent de MJ et Pippen; et les Rockets avec beaucoup de jeu au poste et de tirs à 3 points. En termes de matchups, il est vrai que Michael Jordan aurait été phénoménal malgré la présence d’un bon défenseur comme Vernon Maxwell. Mais n’oublions pas que c’est MJ lui même qui avait dit « Nous n’avons aucune réponse pour Hakeem « . Car oui les Bulls n’ont jamais su arrêter les Rockets en saison régulière . En 6 confrontations de 1991 à 1993 , les Rockets ont battus cinq fois Chicago. C’est la franchise qui les a le plus battue pendant cette période.
Ce fait s’explique pourtant par une raison simple : Phil Jackson déteste les prises à deux. Cet élément rapporté dans une interview par Robert Horry il y a quelques années est d’une importance capitale. Les Rockets avaient une attaque stéréotypée mais d’une efficacité redoutable. Il s’agissait de donner la balle au poste a Hakeem, ce qui était la garantie d’un panier ou de lancers. Évidemment les défenses adverses décidaient de défendre à deux sur Olajuwon mais c’est bien là le problème. Car prendre à deux Hakeem c’est prendre le risque de laisser un des snipers des Rockets ouverts à trois points. C’est ainsi que dès qu’il était doublé au poste, Olajuwon cherchait Kenny Smith, Vernon Maxwell, Mario Ellie, Sam Cassell, Robert Horry et plus tard Clyde Drexler ouverts à trois points. C’est en jouant ainsi que Kenny « The Jet » Smith a battu le record de tirs à trois points réussis dans un match de finale NBA contre Orlando (Match 1 : 7 tirs à 3pt réussis). Mais rappelez vous Phil Jackson ne doublait jamais au poste, donc Hakeem était systématiquement en 1vs1 contre les intérieurs de Chicago. Or quand on voit ce que le pivot des Rockets mettait à David Robinson, Shaq ou Pat Ewing, il n’aurait eu aucun mal à torturer Horace Grant, Luc Longley ou Bill Wennington (Rodman est arrivé chez les Bulls en 1995-1996 donc n’est pas pris en compte).
De l’autre côté du terrain, les Rockets de cette période sont l’une des meilleures défenses de tous les temps avec des pitbulls comme Mad Max et Mario Ellie et une défense intérieure à la limite du surnaturelle : Otis Thorpe , All-Star et bon défenseur à côté de Hakeem Olajuwon, plus grand contreur de l’histoire de la NBA. A cela s’ajoute un autre détail : chaque fois qu’il a été défendu par Vernon Maxwell, Michael Jordan a marqué moins de points que sa moyenne de cette saison. Bon c’est vrai , il a une moyenne de points de 29.1 points à 48% de réussite face à Mad Max mais maintenir MJ sous les 30 points augmente les chances de défaite des Bulls. Car en attaque, les Bulls étaient quand même dépendants du talent de Jordan et Pippen (pas mal comme dépendance).
Évidemment cette fiction ne peut pas prendre en compte des aspects comme l’avantage du terrain ou les blessures. Et en ce qui concerne le fait que Jordan devenait plus fort en playoffs, c’est aussi valable pour Hakeem Olajuwon. En résumé donc, Hakeem aurait été injouable en attaque et intraitable en défense. Pendant ce temps, les Bulls auraient du mal en défense intérieure et MJ marquerait moins de 30 points. Il faudrait alors un très gros Scottie Pippen en attaque pour permettre aux Bulls de résister. Mais une chose est sûre : Chicago n’a jamais affronté une équipe aussi redoutable pendant toute leur dynastie.