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Analyses

Le basket international grandit : où en est le basket Africain ?

Source photo : fiba afrique

Pendant que le débat fait rage entre les pros et anti « Joel Embiid en équipe de France », la possibilité émise par le pivot des Sixers reflète aussi une hésitation quant à l’idée de défendre les couleurs de son pays : le Cameroun. Mais alors pourquoi cette hésitation alors que les équipes africaines sont de plus en plus fortes ? La réponse est surtout liée à des problèmes de moyens et de compétitivité.

Partons d’un constat qui fera l’unanimité : les équipes nationales Africaines n’ont jamais été aussi fortes. Et même si cette progression n’est pas suffisante pour combler l’écart avec les sélections Européennes et Américaines, on assiste à l’émergence de nouvelles nations telles que la Tunisie qui a remporté deux Afrobasket en six ans (2011 et 2017) mais aussi par des exploits comme la victoire du Sénégal contre la Croatie de Dario Saric et Bojan Bogdanovic aux derniers Championnats du monde de 2014 (77-75).

Au delà des sélections, la formation africaine est en très nette progression. La preuve en est du nombre croissant des joueurs pré-formés en Afrique avant de rejoindre la NCAA et/ou la  NBA sur ces dix dernières années : Serge Ibaka, Joël Embiid, Salah Mejri, Gorgui Dieng, Pascal Siakam, Luc Richard Mbah A Moute, etc. Tous ont commencé le basket  en Afrique , y ont été repérés par le biais de camps comme le  « Basketball without borders  » dont Embiid et Dieng ont été MVP. Cette amélioration de la formation est due à un travail d’anciens joueurs NBA comme Dikembe Mutombo mais aussi par la création d’un bureau NBA Africa qui organise depuis deux ans un NBA Africa Game regroupant les meilleurs joueurs d’origine Africaine de la NBA.

Mais si tout semble si rose en théorie, le problème est bien plus profond. Les franchises NBA sont par nature très réticentes à laisser leur joueurs participer aux compétitions FIBA. Mais cette réticence est décuplée quand il s’agit de l’Afrobasket. Celui-ci est souvent décrié pour sa mauvaise organisation dont l’exemple  est le dernier Afrobasket de 2017. Le Congo initialement désigné pour accueillir la compétition s’était désisté officiellement pour des motifs financiers. Et il a fallu que la Tunisie et le Sénégal soient désignés au pied levé 2 mois avant la compétition pour une co-organisation entre deux pays distants de 3000 km… Si vous ajoutez à cela des problèmes de logistiques et de paiement de primes, vous comprenez aisément le manque de confiance de franchises et l’étendue du sacrifice demandé aux joueurs.

Dans une telle situation, les joueurs Africains n’ont rien à gagner a venir jouer en Afrique : aucune chance de médaille mondiale ou olympique et des conditions difficiles. D’où le fait que ceux ci se tournent vers l’option de la naturalisation  avec un Serge Ibaka qui joue pour l’Espagne au lieu du Congo , Olajuwon qui joue pour les Etats-Unis et non le Nigeria et donc aussi avec les hésitations de Joël Embiid.

Pourtant une équipe du Cameroun avec Embiid pourrait être très compétitive au niveau international. Avec un cinq : Nzeulie (Chalon), Joss-Rauze (Orléans), Luc Richard Mbah A Moute (Houston Rockets), Pascal Siakam (Toronto Raptors) et donc Joel Embiid (Philadelphie 76ers). Un cinq majeur avec trois joueurs NBA est automatiquement une équipe compétitive à tous les niveaux. Mais ces trois joueurs ont plus de chance de jouer ensemble dans une franchise NBA plutôt qu’ensemble sous le maillot de leur pays.

La solution de cette problématique passe inévitablement par un exploit d’une équipe africaine aux JO ou aux Mondiaux afin d’être plus attractifs pour les sponsors et pour les joueurs . L’exemple du quart de finale de Coupe du monde de football du Cameroun en 1994 est pertinent dans le sens où il a accéléré le processus de professionnalisation du football Africain. Il faudra également des joueurs qui acceptent de se sacrifier tous les étés comme le font déja Salah Mejri (Tunisie), Gorgui Dieng (Sénégal) et Al Faruq Aminu (Nigeria) afin de relever le niveau des Afrobasket. Et enfin , il faut évidemment une volonté politique de faire du sport en général et du basket en particulier un vecteur de développement du continent africain.

Voilà le tableau dressé des évolutions, des problèmes et des éventuelles solutions du basket Africain qui rappelons-le est en progression depuis quinze ans. Et espérons que cela continue car le basketball a une vocation universelle et sera d’autant plus agréable s’il y a de plus en plus de nations à des niveaux équivalents dans les compétitions mondiales.
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