Vous maîtrisez le pick and roll et votre intérieur a plutôt un bon shoot ? Alors il est temps d’ajouter une nouvelle corde à votre arc, puisque c’est l’heure d’analyser le pick and pop, une variante reposant sur les qualités de tir du poseur d’écran.
Le pick and pop, comme son nom l’indique, commence comme un pick and roll, l’intérieur vient poser un écran pour que le meneur se démarque. Celui-ci passe son adversaire, mais au lieu de « rouler » jusqu’au panier, l’intérieur se démarque totalement, souvent en reculant, même s’il peut essayer de chercher l’espace laissé libre. Il attend de recevoir le ballon en tête de raquette ou à trois points, et après, c’est du catch and shoot. Le meneur part au panier attirant les deux défenseurs, délivre une passe à son coéquipier laissé seul par la défense, qui tire.
Voici un exemple très classique avec Dirk Nowitzki. Sa qualité de tir lui a permis de multiplier l’utilisation du pick and pop avec Steve Nash, Jason Kidd ou même JJ Barea. Lors d’un pick and pop tu ne peux pas laisser le meneur adverse aller tout seul au panier, tu ne penses pas à rester sur le poseur d’écran qui est resté un peu plus loin. Contrairement au pick and roll, switcher pour défendre est beaucoup plus utile et efficace sur pick and pop, la mismatch tourne à l’avantage de la défense. Si le meneur sort bien sur le big men qui s’apprête à shooter, soit le tir sera contesté, soit il n’aura même pas l’occasion de tirer et il se retrouve alors balle en main loin de la peinture avec une mobilité bien inférieure au guard en face de lui. Dans le même temps, l’intérieur qui défend est au marquage du ball handler dans la raquette, donc il peut jouer de sa taille et de sa puissance physique pour le dissuader. Une autre alternative défensive est la prise à deux sur le meneur. Une fois que le pick est posé, celui-ci passe, mais les défenseurs se mettent en opposition, lui empêchant une bonne transmission de passe, forçant un turnover par la même occasion. Tout comme le pick and roll, le pick and pop est défendable.
Comme vous l’avez compris, ce système repose beaucoup plus sur le poseur d’écran que sur le meneur comparé au pick and roll, puisque l’intérieur doit savoir shooter. Autrement dit, faire des pick and pop avec Shaq et Deandre Jordan, c’est compliqué. Les ailiers forts et les pivots des dix dernières années shootent beaucoup mieux : Karl Antony Towns, Kevin Love, Kristaps Porzingis, Al Horford, Anthony Davis, Brook Lopez… Pour donner des noms de duos utilisant fréquemment le pick and pop, Luka Doncic et Kristaps Porzingis ainsi que Jamal Murray et Nikola Jokic sont de grands utilisateurs de ce système à l’heure actuelle. Les duos Ricky Rubio – Kevin Love ou encore Jeff Teague – Al Horford étaient aussi très efficaces dans les années 2010s. On note une nouvelle fois que ce sont des binômes assez lucides et clairvoyants, pas uniquement ou nécessairement des machines à scorer. On peut également citer des noms comme le duo Stockton-Malone que nous avons déjà vu sur le pick and roll ou encore Bill Laimbeer avec les Pistons, avec Isiah Thomas ou Joe Dumars à l’occasion dans la fin des années 80 et au début des années 90. Outre savoir shooter, des midrange ou longs deux points et bien sûr 3 points, le poseur d’écran peut être utiliser comme relais pour un handoff (main à main) pour créer des décalages. L’une des armes favorites des Brad Miller ou autre Vlade Divac.
La NBA moderne est plus encline à mettre en avant le pick and pop. Aujourd’hui, beaucoup plus d’intérieurs sont capables de shooter, développant une palette offensive nettement plus large lors des systèmes. Dans cette ère où les meneurs scoreurs et les ailiers puissants sont légion, les pivots doivent devenir de plus en plus all-around pour dominer la ligue. N’est-ce pas Nikola Jokic ?