
NBA – À mesure que la saison avance et se précise, la NBA continue sa remise de statuette individuelles récompensant joueurs, coach ou franchises. Parmi eux, l’un des plus respectés : celui de Coach de l’année ou COY pour les intimes (Coach Of the Year). Il ne récompense pas simplement les victoires, mais aussi l’audace tactique, la progression d’un groupe, et parfois, une bonne dose de storytelling. Cette saison, trois maestros se disputent le trophée : Kenny Atkinson (Cavs), J.B. Bickerstaff (Pistons) et Ime Udoka (Rockets). On revient sur trois profils très différents, mais une même ambition : laisser leur empreinte dans les livres d’histoire. Leur destin sera scellé ce soir.
Kenny Atkinson (coach des Cavs) : Le maestro d’une explosion dans l’Ohio
Sur le banc des Cavs, Kenny Atkinson a signé une saison d’exception. Longtemps sous-coté malgré son parcours remarquable aux Nets, où il avait ramené la franchise en playoffs en 2019, l’ancien assistant de Steve Kerr à Golden State et de Vincent Collet chez les Bleus a cette fois frappé très fort. Fraichement nommé head coach des Cleveland Cavaliers, il a fait franchir un cap XXL à cette équipe : 64 victoires au compteur (record pour une saison sans LeBron), meilleure attaque de la ligue, 3e meilleur défense et une régularité d’horloger suisse. Trois séries de 12 victoires ou plus, dont une de 16 (record de franchise) ont ponctué cette démonstration en saison régulière.
Surtout, Atkinson a transformé les Cavs en vraie machine de guerre. Le trio Mitchell–Garland–Mobley a brillé, tous présents au All-Star Game. Et en plus de cela, Evan Mobley s’est affirmé comme le meilleur défenseur de la ligue en ayant remporté le DPOY il y a quelques jours. S’il y avait encore des sceptiques sur le plafond de cette équipe, ils ont probablement avalé leur guide NBA de travers. Le système Atkinson a mis Cleveland sur la carte des prétendants au titre grâce à une saison à inscrire dans les annales. Et le trophée de coach de l’année serait une juste récompense pour ce boulot monstrueux. Puis bon, Kenny Atkinson était dans le coaching staff des Bleus pour la médaille d’argent aux JO de Paris… alors ça mérite bien un peu de chauvinisme non ?
J.B. Bickerstaff (coach des Pistons) : Du fond du trou au haut de l’affiche
L’ironie est savoureuse. L’été dernier, les Cavaliers, remerciaient sans ménagement J.B. Bickerstaff, lui préférant justement… Kenny Atkinson. Un an plus tard, le voilà, lui aussi, parmi les finalistes pour le trophée du coach de l’année. Le coach des Pistons, pour sa première saison sur ce banc, a réussi l’exploit de transformer la pire équipe de NBA (14 victoires en 2023-24) en machine de guerre qualifiée directement en playoffs cette année. Oui, directement. Les Pistons, boostés par un Cade Cunningham version All-Star et des vétérans bien intégrés, ont bondi jusqu’au Top 6 à l’Est, une première depuis 2019. C’est donc une saison historique puisqu’il devient le premier coach à tripler le nombre de victoires d’une équipe NBA d’une saison à une autre (43 victoires cette saison, 5e à l’Est).
Bickerstaff a non seulement redonné un visage crédible à Detroit, mais il a aussi restauré une culture. Du jeu dur, de l’intensité, une vraie mentalité « Bad Boys Reloaded ». Entouré de jeunes comme Ivey, Duren, Cunningham, et de vétérans revanchards : Schröder, Harris, Bogdanovic (désolé les gars mais à 31, 32 et 36 piges, on fait partis des vieux en NBA), il a fait de cette équipe une formation aussi imprévisible qu’attachante. À l’image de son coach, elle s’est battue chaque soir avec le souvenir des années 2000 en bandoulière. Et quand on sait que les votants aiment les grandes histoires, J.B. Bickerstaff pourrait bien rafler la mise avec ce retour aussi improbable que spectaculaire.
Ime Udoka (coach des Rockets) : Le général qui aura remis de l’ordre dans la maison texane
Arrivé chez les Rockets avec la lourde mission de cadrer et civiliser une équipe jeune, brouillonne et à peine sortie du bac à sable, Ime Udoka a pris son rôle très au sérieux. Le meneur d’hommes révélé à Boston (Finales NBA en 2022 dès sa première année) a inculqué rigueur et discipline dans une équipe qui carburait jusque-là aux highlights plus qu’aux victoires. Et le résultat est bluffant : 44 victoires, 11 succès de plus que l’an passé, 2e place à l’Ouest, et surtout la 4e meilleure défense de la ligue. Oui, Houston défend et ce n’est pas une simulation 2k.
Udoka a su canaliser les talents explosifs de Jalen Green et ses copains, tout en intégrant des rôles clairs et une rotation efficace. L’ajout de Fred VanVleet et Dillon Brooks coachés d’une main de maître par Ime Udoka aura fait briller ces Rockets. L’équipe joue dur, ne recule devant personne, et s’est même offerte, récemment, des succès de luxe : emmener Steph Curry et les Warriors jusqu’au Game 7 après avoir été mené 3-1 (on rappelle que les distinctions individuelles sont décernées au regard de la saison régulière… mais quand même !). Bref, Houston est devenu un cauchemar pour beaucoup et à ce rythme, s’il ne remporte pas le COY ce soir, c’est bien avec un titre de champion que Ime pourrait se consoler prochainement.
Trois trajectoires, un seul trophée
On n’oublie pas la saison complètement maboule de Mark Daigneault avec OKC (COY 2024), mais le pauvre garçon ne fait pas partie des finalistes donc on n’en parle pas… forcément. Les 3 coachs présentés, qu’ils soient le symbole d’un renouveau historique (Bickerstaff), l’architecte d’une explosion attendue (Atkinson), ou le bâtisseur d’un projet cohérent et solide (Udoka), les trois coachs ont marqué cette saison NBA. Et s’ils incarnent chacun une facette du métier, ils partagent une constante : un retour tonitruant aux commandes d’une franchise NBA avec une capacité à élever leur équipe au-delà des attentes.
Alors, à vous de trancher : préférez-vous le conte de fées made in Detroit, la domination méthodique made in Cleveland, ou la révolution impressionnante made in Houston ? Quoi qu’il en soit, ce trophée 2025 aura une belle histoire à raconter. Rendez-vous (un peu plus) avec l’histoire, ce soir, pour l’un d’entre eux.
