On continue de parcourir cette interview de Clique et sans doute la partie la plus intéressante, la place des sportifs au sein de la société. Evan Fournier prend leur défense dans leur ensemble car c’est vrai, le « grand public » parle aujourd’hui en premier lieu des salaires exorbitants, comme si tout leur avait été donné. Le français veut que cette mentalité change, les sportifs ont réussi car ils sont eux aussi intelligents, avant leurs capacités physiques et pour la plus grande partie, les valeurs et les leçons apprises, leur servent dans la vraie vie.
Combien de fois a t-on pu entendre ça ? Les avocats ou encore les médecins ont fait de longues années d’études. Ca a été dur d’arriver à exercer leur métier. 3/4 des personnes sortiront ce genre de phrase. Pour le sportifs, ce qui vient en premier ? Le salaire. Qu’importe s’ils ont dû vivre loin de leur famille pour certains à 10 ans, 12 ans. Carrément quitter le pays pour atteindre leurs rêves. Il a fallu ensuite s’adapter et être traité comme un professionnel en pleine adolescence. Ceux qui vivent dans le milieu du sport, et on ne parle pas ici des pros, mais des familles, des éducateurs, des entraîneurs et consorts, savent que les enfants d’hier, aujourd’hui devenus pros, ont travaillé beaucoup. Pour se faire, ils ont dû comprendre comment marche leur corps. Pourquoi il est plus performant à ce stade de l’année et pas à un autre. Comment construire une discipline, atteindre ses objectifs ? Comment améliorer le mental ? Le talent peut marcher pour peut être 1% ou 2% et même pour ceux là, la route n’a pas été facile. La question n’est pas de comparer mais tout simplement respecter le parcours de chacun :
« Je trouve qu’on n’est pas assez mis en avant dans la société. On privilégie beaucoup l’intellectuel et on fait passer un peu les sportifs pour des teubés. Je trouve que c’est dommage.
Clairement si t’as pas la tête sur les épaules, si t’as pas un plan et si tu réfléchis pas, tu y arriveras jamais. Combien de fois on a vu des espoirs avec un talent qui ont jamais vraiment réussi à faire leur trou ? »
Evan Fournier rêve sans doute d’une meilleure mentalité, assez proche des States. Une société où les sportifs ne sont pas liés constamment à leur salaire mais respectés à leur juste valeur, au lieu d’être considérés comme les grands méchants. Le français rajoute que l’éduction par le sport doit être renforcée. Conscient que tout le monde ne peut pas être sportif professionnel, il sait en revanche que la mentalité, les valeurs, peuvent aider un jeune dans son parcours de vie, si le sport est mieux intégré au sein de la société. Il met un point d’honneur à défendre ce principe :
« Le savoir vivre (quand on lui demande ce que peut apporter le sport co), et bosser vers un objectif commun avec les autres et pas vouloir que tirer la couverture sur soi. Mais au-delà de ça je trouve que c’est plutôt la discipline.
Si t’es pas discipliné dans le sport, tu te fais marcher dessus. En fonction des sports, tu peux même vraiment… C’est physique. Au judo ou à la boxe quand tu te fais marcher dessus, le lendemain tu te lèves, t’as mal. C’est des vraies leçons, c’est un retour direct à la réalité. »