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Evan Fournier s’explique en profondeur sur ses propos : qu’on aime ou pas le personnage, le français veut s’investir

Source photo : le progrès

Chez les copains du huffington post, Evan Fournier a rédigé une lettre au ministre de l’éducation nationale Jean-Michel Blanquer. Une lettre écrite avec une grande ouverture d’esprit et qui ouvre au dialogue. En voici l’intégralité :

Monsieur le ministre de l’Éducation nationale, vous avez, comme plus de 10 millions de téléspectateurs, suivi les finales olympiques de nos équipes de handball, de volley et de basket. Ces finales, marquées par le sacre de trois de nos équipes de France, ont mis en avant la qualité du travail de nos équipes de sports collectifs que je tiens encore à féliciter.

Les réactions ont été nombreuses, et ces performances exceptionnelles ont été saluées par tous. Comme l’ensemble de nos concitoyens, vous vous êtes réjoui de ce bilan olympique. Cependant, à l’image de mes coéquipiers et de nombreux autres sportifs, je m’interroge face à votre enthousiasme. Vous avez en effet salué les performances tricolores en vous félicitant du travail effectué par votre ministère, et de l’impact qui serait le sien sur ces performances. Il est minime.

Comme de nombreux athlètes, vous l’aurez compris, je ne partage pas votre point de vue. Aucun de mes coéquipiers ne peut aujourd’hui remercier l’Éducation nationale pour lui avoir permis de jouer au basket. Comme le volley ou le handball, si ces sports collectifs sont parfois pratiqués, ce n’est non pas pour inciter les jeunes à faire du sport, mais par simple commodité. Nous comprenons tous qu’un gymnase permet en effet de pratiquer plusieurs activités et de diversifier les programmes. Mais il permet surtout de combler le manque de budget alloué au sport, et propose, par défaut, certaines activités aux élèves.

Le cheminement intellectuel insinuant qu’il s’agit d’une stratégie de l’éducation nationale pour former les champions de demain me paraît simpliste. Cela révèle au contraire une inégalité dans l’accès au sport entre les établissements disposants de moyens, et ceux se trouvant dans des situations plus compliquées. Car tout le monde ne pratique pas de basket, de handball ou de volley à l’école. Et ce ne sont pas les deux minuscules heures d’EPS par semaine de mon emploi du temps de collégien qui m’ont insufflé l’envie de jouer au basket, pour devenir le sportif que je suis aujourd’hui.

Monsieur le ministre, je me permets de vous interpeller aujourd’hui, en ma qualité de sportif de haut niveau, mais aussi en tant que fils de professeur d’EPS et de sportifs de haut niveau, et je pense qu’il est de mon devoir de vous tendre la main pour améliorer la considération et l’accès au sport dans nos écoles. Si les compétitions UNSS et le système de sport étude sont un premier pas vers l’accès au sport, cela ne suffit pas. Ne nous y trompons pas, la place du sport à l’école est dérisoire. Et le travail de nos enseignants et éducateurs, bien que formidable, se doit d’être associé à celui des clubs amateurs et de ses bénévoles sans qui le sport français n’existerait pas.

Monsieur le ministre, Paris accueillera les Jeux olympiques en 2024. Si beaucoup y voient une occasion de faire rayonner la France et sa capitale à travers le monde, ne serait-ce pas plutôt une formidable opportunité pour réformer le système français en proposant un accès plus important à la culture et au sport? À l’image de nombre de nos voisins, pourquoi ne pas offrir aux jeunes de réelles plages horaires dédiées au sport dans leur emploi du temps?

Le système américain -et ce n’est pas le seul- est un modèle en matière sportive. À l’heure où l’éducation nationale réforme les programmes de ses lycéens, en offrant une ouverture d’esprit avec de plus larges options et un développant culturel plus important, que va-t-il advenir du sport? S’il vous plaît Monsieur le Ministre, n’oubliez pas le sport. Il n’est pas trop tard pour reconsidérer la place des activités sportives, pour trouver du budget et proposer un accès et une place plus importante à nos jeunes sportifs.

oueur NBA depuis désormais neuf ans, je ne peux que constater la différence de traitement du sport entre ce qui se fait en France et ce qui est mis en place outre-Atlantique. Aux États-Unis, le système scolaire offre un accès privilégié au sport avec une réelle reconnaissance pour ses athlètes dès le plus jeune âge! Bien qu’étant imparfait, il permet à de jeunes sportifs ambitieux de poursuivre leurs études, avec l’octroi de bourses dans les plus prestigieuses universités du pays. Ce système universitaire est doublement bénéfique puisqu’il offre une réelle possibilité à certains jeunes de devenir sportifs professionnels sans pour autant délaisser leurs études. Il fait du sport un réel vecteur social et éducatif.

Permettre aux athlètes d’avoir un double projet est essentiel. Combien de jeunes ont dû choisir à 15 ou 16 ans entre l’école et le monde professionnel? Je ne le sais que trop bien, monsieur le ministre. La France dispose de grandes universités, pourquoi nos grands champions de demain ne pourraient-ils pas y côtoyer nos futurs chercheurs?

Monsieur le ministre, je suis conscient de la complexité que représente chaque réforme, et de la charge de travail qui est la vôtre, mais le sport attend depuis trop longtemps d’être considéré à sa juste valeur dans nos collèges, lycées et universités. Féliciter nos athlètes tous les quatre ans n’est plus suffisant, aidons-les plutôt à se révéler dès le plus jeune âge.

Je suis prêt, monsieur le ministre, à vous accueillir à New York durant la saison pour poursuivre cet échange. Cela serait pour vous l’occasion de rencontrer vos homologues américains et de constater par vous-même que le sport peut occuper une place plus importante dans le système éducatif.

Vive le sport!

Plus que la conclusion qu’il faut en tirer, Evan Fournier reconnait que rien est parfait aux 4 coins du globe mais qu’il faut surtout parler et faire avancer les choses. La balle est dans le camp du ministre désormais.

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