Si le nom de Mike Breen ne vous dit peut-être rien, le mot « BANG » peut vous aiguiller. Commentateur sportif chez ESPN et ABC, il nous a fait vibrer plus d’une fois devant notre écran, quand Ray Allen tuait les Spurs en 2013 ou encore lors du shoot incroyable du Chef contre OKC en 2016. Des tirs qui sont déjà inscrits dans la légende de la NBA et dans vos crânes pour toujours, et les commentaires de ce bon vieux Mike Breen n’y sont pas pour rien.
Il est probablement le commentateur le plus connu en NBA. Présent sur ABC, ESPN et le MSG Network, Mike Breen est devenu une voix iconique de la balle orange aux Etats-Unis. Ses gimmicks dans les shoots du money time ont fait de lui une star, devenant le commentateur attitré des Finales NBA, sans pour autant ne laisser les Knicks s’éloigner de lui. D’un petit enfant de New York à commentateur de la NBA reconnu, retraçons la vie de Mike Breen.
Le 22 mai 1961, Michael Breen naît à New York. Tout petit, il était déjà un fan absolu de sports. Entre basket et foot US, il avait le rêve que tous les gamins du monde ont eu un jour, devenir un athlète professionnel. Malheureusement pour lui, il se rend compte assez vite que ses qualités physiques et son talent naturel ne sont pas suffisants pour atteindre cet objectif. Pas question de se décourager pour autant, s’il ne peut pas devenir un joueur professionnel, Mike cherche une autre voie pour continuer à vivre dans ce milieu du sport.
« Je suppose que j’avais environ 14 ans quand j’ai réalisé que ça n’allait pas arriver. Dans notre quartier, la corde à linge était notre blague. On pouvait remplir toute la corde à linge avec des chaussettes de sueur parce que c’est tout ce qu’on faisait de la journée. »
A la recherche d’un milieu qui peut l’épanouir, il va alors s’intéresser à la radio grâce à Tony Minecola, un autre garçon de son quartier qui étudiant ce domaine à New York Tech. Il avait carrément installé un set de DJ dans son sous-sol, où il avait invité Mike. Celui-ci se passionne alors pour la radio et va se donner à fond sur les ondes de son lycée. Ensuite, il rejoint l’Université Fordham, où il sort diplômé en 1983. A la fac, il dit lui-même avoir squatté la station radio de son école, WFUV, où il commentait à la radio les matchs de l’université.
Après avoir fini ses études, il ne trouve pas directement un job dans le journalisme sportif. Il débarque à Poughkeepsie, où il couvre les réunions du conseil local, avant de se recentrer vers son métier originel en devenant présentateur des nouvelles le matin. Même s’il voit ça comme une première expérience pour le faire progresser, ce qu’il veut, c’est donner sa voix pour le monde du sport.
Il trouve finalement sa place dans le monde du basket en 1988. Après quelques remplacements sur WNBC, il travaille sur WFAN de 1988 à 2000 en présentant notamment l’émission Imus in the Morning. Sur cette radio new-yorkaise, il remplace Marv Albert, « la voix des Knicks » de 1967 à 2004, accusé d’agression sexuelle. Malgré les actions de son prédécesseur, les fans des Knicks ont eu du mal à accueillir une nouvelle voix, la voix plus douce et plus posée de Mike Breen, contrairement à la voix puissante et qui ne s’arrêtait jamais de Marv Albert. Le personnage de Breen a finalement plu à la communauté des Knicks avec le temps, lui-même supporter de la franchise de la grosse pomme et fan de Marv Albert plus jeune, sa passion pour le basket-ball et la joie qu’il apporte en commentant deviennent appréciées aux supporters, ainsi qu’aux chaîne de télés.
Breen est rapidement devenu visible grâce à sa voix et son talent pour marquer le coup lors des moments forts. Il a ses expressions fétiches à l’image du « It’s good! » ou le « Puts it in, » et surtout sans oublier le célébrissime « Bang » qui le caractérise. Il développe son « bang » après les gros shoots depuis la fac. Il reconnaît aujourd’hui que toutes ses gimmicks lui ont permis de s’imposer et de se démarquer de la concurrence. Toujours adepte de ces quelques mots frissons, il s’est inspiré de Johnny Most, commentateur des Celtics qui criait déjà « Bang » lors d’un panier, même si c’est Breen qui l’a démocratisé. Néanmoins, il n’accorde pas une grande histoire à cette exclamation, mais est très heureux d’avoir réussi à se l’attribuer.
« J’aimerais vous dire qu’il y a une grande histoire derrière ce « bang », mais en réalité, j’ai commencé à faire ça à l’université. Je commentais les matchs de notre équipe, et quand je n’étais pas à la station, je les encourageais dans les tribunes. C’est là que j’ai commencé à crier « bang », comme un fan quand un joueur de notre équipe mettait un gros tir. Je me suis alors dit que ce serait bien de l’essayer en commentant, mais quand je l’ai fait la première fois, je n’ai pas vraiment aimé. Après quelques années, je l’ai réutilisé et j’ai compris que ça marchait bien. Je trouvais que c’était un bon moyen de manière claire et concise pour décrire un gros shoot dans un moment fort. Je ne suis pas le premier à l’avoir utilisé, mais elle m’a été très utile dans ma carrière et c’est une facile et bonne façon de mettre un point d’exclamation sur une grosse action. »
Ses premières hésitations étaient pourtant fondées. Déjà qu’à la radio, son style ironique et plus calme avait du mal à plaire aux new-yorkais à ses débuts, ce fameux « bang », ne plaisait pas à tout le monde même au sein de sa rédaction. Certains de ses collèges, s’interrogeaient et le critiquaient sur ce choix de commentaire.
« Lorsque j’ai commencé à l’utiliser, un journaliste de la télévision et de la radio commençait à parler en disant : « C’est vraiment nul. Pourquoi utilise-t-il cela ? » Mais j’ai commencé à m’en servir régulièrement et quelques personnes m’ont dit : « Hé, j’aime la façon dont ça sonne. C’est une bonne façon de le faire. » Je l’ai donc essayé plus souvent, puis plus de gens ont dit qu’ils l’aimaient, alors je me suis accroché. »
Ses talents de commentateurs ont été remarqués par les grandes chaînes de télévision. En 2003, il rejoint ESPN et ABC, devenant rapidement un journaliste phare. Même après avoir quitté la radio, il ne laisse pas tomber les Knicks pour autant, et il continue de les commenter aux côtés de l’élégant Walt Frazier, avec lequel il forme un très beau duo sur le MSG Network. Sa popularité grime en interne, et dès 2006, il commence à commenter des Finales NBA. A partir de là, il devient connu de tous les téléspectateurs. Si l’on retient ces fameuses intonations prononcées lors des « bang », le ton très posé dans sa voix tout au long du match rendent ces moments encore plus magiques et historiques.
Depuis le début des années 2000’s, Mike Breen a fait ses preuves et s’est nettement imposé dans le milieu. En cette fin de saison 2020-2021, il vient de terminer sa 29ème saison en tant que broadcaster de la NBA, sur les ondes et sur le petit écran. Il a commenté les 15 dernières finales NBA, de la première bague de Dwyane Wade en 2006, jusqu’au sacre de Lebron avec les Lakers dans la bulle. Une longévité impressionnante et un respect acquis par la planète NBA, de ses confrères aux fans à travers le monde. Mike Breen a également posé sa voix pour des rencontres autres que des matchs NBA. Il est notamment au micro de matchs WNBA, et à plusieurs reprises il a commenté le basket féminin et masculin aux Jeux olympiques 1996, 2000, 2004, et 2008. Ou encore, ses commentaires sont présents au jeu NBA Live (NBA Live 14 à NBA Live 18).
Une carrière bien remplie pour ce gamin de New-York parmi tant d’autres qui rêvait de vivre dans le milieu du sport. Il vit encore à Long Island aujourd’hui, aux côtés de sa femme et de ses trois enfants. C’est également à New York, qu’il a reçu le trophée de « Broadcaster of the year » en 1998, élu par la National Sports Media Association. Mike Breen a reçu la récompense ultime, être intronisé au Hall of Fame, en gagnant le Curt Gowdy Media Award, le trophée attribué par le panthéon du basket américain aux journalistes. Loin de prendre le melon, il a préféré associer le journalisme et le monde du basket dans son discours pour remercier ceux qui l’ont amené ici, mais aussi une anectode géniale avec Pat Riley au début de sa carrière.
« Cet aspect de l’équipe a été l’histoire de ma vie. Ayant grandi comme l’un des six garçons de Yonkers, à New York, jusqu’à maintenant, j’ai eu les meilleurs coéquipiers qu’un homme puisse espérer, à chaque étape de ma vie. »
« Lors de ma première année à la radio, quand je suivais les Knicks, Pat Riley était le coach. Pour quelqu’un comme moi, personne n’est plus intimidant que Pat Riley. Le premier match de l’année est à Atlanta et je ne l’ai encore jamais rencontré. J’étais dans l’ascenseur, dans le même hôtel que l’équipe, et je vois Pat Riley qui regarde dans ma direction. Il a levé sa main pour que je retienne l’ascenseur. Je me dis que je vais enfin rencontrer ce coach légendaire, juste lui et moi. Je me suis dépêché pour appuyer sur le bouton, mais évidemment dans la panique, j’ai appuyé sur le bouton pour fermer les portes. Dès qu’il s’est approché, la porte s’est fermée devant son visage. Je me suis dit que j’allais être viré dès que je descendrais de l’ascenseur. Heureusement, ça n’a pas été le cas et j’ai même discuté avec Pat Riley lors d’un show d’avant-match cette année et il m’a appris tellement de choses sur le basket, mais il n’y avait aucune affinité. J’allais faire mon interview dans son bureau et sortir sur-le-champ, j’étais même sûr qu’il ne connaissait pas mon nom. C’est alors, qu’une semaine après la fin de ma première saison, j’ai reçu une lettre manuscrite et un e-mail chez moi de Pat Riley, me remerciant pour mon professionnalisme cette saison. Maintenant, essayez d’imaginer ce que ça représente pour la confiance d’un jeune journaliste. 20 ans plus tard, je m’occupe des Finales NBA à Miami pour ABC et Pat est venu me voir avant un match pour me dire à quel point il était fier de moi. Quelqu’un comme moi rêve de moment comme celui-là et vous n’oubliez jamais. »