Les Sixers sont sources de nombreuses critiques ciblant principalement le duo Simmons-Embiid. Les deux jeunes hommes ont des caractères complètement différents et encaissent chacun de leur propre manière la pression. Focus sur l’Australien, sa force mentale mais aussi les quelques doutes l’habitant.
Malgré une début de carrière plutôt abouti sur le plan personnel, Ben Simmons est constamment sous le feu de fortes et nombreuses critiques depuis son arrivée en NBA et même depuis bien avant. Le meneur au physique d’ailier-fort ou encore l’ailier-fort aux qualités de meneur, -chacun sa vision-, est un personnage unique en son genre et très clivant. Depuis de longs mois déjà, lui et son coéquipier Joël Embiid, les deux jeunes figures du fameux « Process » lancé par les Philadelphia 76ers, sont très ciblés pour leur relative nonchalance et leur manque de progression flagrante pour certains et plus limitée pour d’autres. Même si toute remarque ou commentaire sur leur débuts de carrière, logiquement imparfaits, n’est pas injustifié, il semble un peu dur de les voir aussi décriés. Cette récente élimination face aux Raptors en demi-finales de la conférence Est au terme d’un match sept d’anthologie aura marqué les deux jeunes athlètes, leur aura permis d’en apprendre beaucoup sur eux-même et de faire face aux critiques. Pour autant, tous les deux plus ou moins longuement blessés cette saison (Simmons l’était toujours au moment de l’arrêt de la compétition), les deux hommes ont également semblé moins impactant que l’an dernier.
Plus calme et mesuré que son coéquipier Camerounais, Ben Simmons ne se fait qu’assez peu entendre comparé à ce dernier. Et pour cause, comme le racontent plusieurs de ses proches au sein de l’excellent article écrit par Jackie MacMullan d’ESPN et lui étant entièrement consacré, Simmons est un taiseux, préférant écouter et encaisser les critiques pour se re motiver et performer par la suite. Cette part de self-contrôle et ces aspects très calme et taiseux ont toujours fait partie de son tempérament unique. Comme il le confirme bien lui même, le « Fresh Prince » n’aime guère se livrer aux autres : « Je n’aime pas trop m’exprimer devant tout le monde, car cela vous permet de savoir ce que je ressens. » Pour autant, le natif de Melbourne est extrêmement dur avec lui-même : « Ma faiblesse : c’est que j’ai besoin que quelqu’un me rende des comptes. L’objectif est de me rendre des comptes à moi-même. Ça a été un peu difficile. Cela prend du temps. ». Comme le confirme son grand frère et agent Sean Tribe, peut-être que Simmons est même parfois trop exigeant envers lui-même :
« Il n’est pas aveugle. Ben aime être efficace. Il veut faire le bon geste, pas le mauvais, et parfois c’est un obstacle. Il faut faire des découvertes, et parfois on peut échouer. L’acceptation de l’échec est une chose avec laquelle Ben doit être à l’aise. Cela lui permettra de traverser les moments difficiles, de connaître et d’accepter la défaite. »
Un autre sujet de débats est également abordé au sein de l’article : le refus de Simmons de prendre régulièrement des tirs à mi ou longue distance. Le polyvalent joueur de 23 ans élude rapidement la question, inutile et superflue selon lui : « Certains y accordent tellement d’importance. Sans doute trop. Je me suis dit : « Laissez-moi me concentrer sur ce que je fais de mieux ». Il y a des choses que je fais sur le terrain où personne ne peut m’arrêter, quand je fais des interceptions, des passes, quand je marque des points dans la peinture. » Tribe, très proche de lui et le connaissant comme personne poursuit en donnant sa vision sur cette énigme : « La confiance est un élément énorme, ce qui semble contradictoire car vous regardez ce type et vous pensez que rien ne peut le briser. Mais il est humain, vous savez ? Vous pouvez tout réduire à une simple bataille psychologique. Est-ce que je prends ce tir ? Est-ce que j’en ai besoin ? Est-ce que je vais le rater ? Je pense que cette question : « Est-ce que je vais le rater ? » est un gros truc chez lui.« . On comprend donc rapidement que la principale voire seule source de doute de l’Australien vient de sa confiance en son tir, qu’il travaille pourtant au quotidien et qu’on a pu voir assez intéressante par séquences.
En effet, plusieurs éléments ont été mis en oeuvre pour faire progresser Simmons. Que ce soit sur le plan mental avec l’emploi d’un psychologue du sport par les Sixers pour travailler sur sa confiance en soi, ou encore sur le plan technique, avec un long travail adapté concernant son tir. Ce programme réalisé avec l’entraîneur personnel Chris Johnson a débuté lors de l’intersaison 2019 et s’est poursuivi dans le silence tout au long de la saison actuelle, en plus des entraînements collectifs habituels. Comme l’avoue Simmons le tout n’a pas encore pleinement porté ses fruits mais a déjà grandement fait progresser le joueur et l’homme qu’il est. Toujours en quête de perfection, ce dernier attend encore plus de lui-même avant de multiplier les prises de tirs longue distance : « Je sais que ça va venir. Il s’agit pour moi d’être à l’aise pour le faire. Une partie de cela consiste à répéter ces gestes. Je peux prendre un hook shot de la ligne des lancers, parce que je l’ai fait tellement de fois que je suis sûr que ça va rentrer. C’est une seconde nature. Avec les trois points, ça n’a jamais été comme ça. Il faut que j’en fasse un point d’honneur. Je pourrais être un de ces gars qui tirent à 30% en ce moment. Mais je préfère être un de ces gars qui tirent à 40%. »
Ben Simmons est un joueur à part, très fort mentalement mais aussi en proie au doute comme chaque être humain. Ce dernier est très dur avec lui-même et est en quête perpétuelle de perfection pour réussir en NBA et répondre aux très fortes attentes le concernant depuis sa draft en 2016. Travailler son tir et avoir confiance en ce dernier est son principal point de travail actuel, et peut être la clé pour enfin se libérer pleinement à l’avenir.