Nouvelle saison à venir et Nouvelle chronique intitulée « il était une fois » et il était temps de parler de toutes ces personnes, plus ou moins connues, du paysage NBA. Sideline reporters, journalistes, présentateurs, commentateurs et même fans, ils rythment nos vies la nuit. Durant toute la saison et même encore plus, à travers des interviews et des papiers, on essaiera de vous présenter au mieux ces têtes d’affiches. Après la très cool Kristen Ledlow, c’est au tour du charismatique Stephen A Smith de passer sur le grill.
Simple journaliste ? Ce serait lui manquer de respect. Personnalité télé ? Pas assez qualitatif. Stephen A. Smith est un monument du sports US et on n’exagère pas. Contrairement à tous ses collègues, lui est connu d’une plus grande globalité des personnes et ce n’est pas grâce (que) à son métier. Si vous montrez sa photo à un twittos, qu’il s’y connaisse ou pas en NBA, il reconnaîtra sa tronche. Il est une boite à memes de par son charisme, ses réactions mais surtout son jeu d’acting très américain, qui pourrait faire rougir Hollywood. Il a aussi le sens de la formule, avec des punchlines, certes travaillées, qui resteront à jamais dans l’histoire du journalisme. Le New-yorkais est tellement drôle qu’il a même un compte fan « Stephen A. Smith burner account » (coucou Durant), avec plus de 300 000 abonnés, assez symbolique de sa popularité. Il représente assez bien le rêve américain, lui qui est maintenant le journaliste sportif le mieux payé du game. Pourtant, lui aussi a eu ses galères avant d’être tout en haut de l’affiche des différents sports US ! Il n’est pas parfait mais il est la définition du professionnalisme et de l’éthique ultime du hard work.
COMEBACK DENIED ❌
YOUR #SASMemeMadness CHAMP: pic.twitter.com/U9xijmKMLk
— Stephen A. Smith Burner (@SASBurnerAcct) April 7, 2020
Né dans le Bronx le 14 octobre 1967. Il a de nombreux frères et sœurs, quatre grandes sœurs et un frère, mort dans un accident de voiture quelques jours avant les 25 ans du chroniqueur. Famille pauvre et originaire des îles Vierges américaines, son père tenait une quincaillerie, après sa carrière dans le baseball. Stephen A. Smith est un fils à sa maman et son décès le touchera et le touche encore, on y revient à la fin de ce portrait. Toute sa famille est noire mise à part sa grand-mère maternelle qui était blanche. Il découvre sa passion du basket dès le plus jeune âge et commence à jouer au collège. Il joue avec ses amis et à l’école, notamment pour son lycée Thomas Edison d’où il est diplômé. Ironiquement, les feuilles de stats ont disparu, on ne sait donc pas vraiment quel était son talent. Les rumeurs disent qu’il ratait beaucoup de shoots à 3 points. S’il joue, ce n’est pas que pour le plaisir. Dans une situation difficile dans le Bronx, il joue pour avoir une bourse d’études, sachant que ses parents ne pourront pas le lui offrir une place à l’université. Des dealers traînaient à chaque coin de rue, il n’a jamais eu de voiture, il n’avait que 3 tenues par semaine, voici son train de vie. Il voulait tout faire pour s’en sortir, mais aussi pour sa famille et plus particulièrement sa maman. Outre le basketteur, Stephen A. Smith n’est qu’un lycéen parmi tant d’autres :
« J’avais vraiment peur de ce que la vie me réservait. »
Malgré sa peur, il était intéressé sur tout, le sport, la politique, il ne cessait de poser des questions. Il voulait comprendre comment le monde marchait. Déjà à cette époque, il adorait la télé et décortiquait la façon dont l’info était délivrée.
Stephen A Smith a néanmoins beaucoup de grief envers son père. La façon dont il a traité sa mère, l’obligeant à prendre des décisions compliquées : habiter au Bronx, s’occuper de tous ses enfants, travailler plus que la norme. C’est à partir de là, que Stephen A. Smith prendra le rôle de parent très au sérieux, en devenant à l’image de sa mère : irréprochable et ne se trouvant jamais la moindre excuse, quoi qui se passe.
Il fréquente pendant un an le Fashion Institute of Technology avant de recevoir une bourse pour jouer au basket à l’université Winston-Salem State, faisant partie de la liste Historically black colleges and universities qui représente les écoles d’enseignement supérieur fondées avant l’Acte de Droit Civil de 1964. Ces écoles servent principalement la communauté afro-américaine. Lors de ses études dans cette université, il a joué en tant que meneur sous les ordres de Clarence Gaines, entraîneur nommé au Hall of Fame. C’est lors de ses études à Winston-Salem State qu’il commence à rédiger des papiers. Alors qu’il jouait encore dans l’équipe, il a rédigé une chronique pour le journal universitaire The News Argust, expliquant que Gaines devrait certainement prendre sa retraite en raison de problème de santé. Son article choque, il évoquait une figure de l’université mais il est aussi symbolique du personnage Stephen A. Smith. Il se moquait bien de ce qu’on pensait de lui. Bien plus encore, il voulait le mettre à la retraite, voulant le protéger. Gaines était comme un père pour lui et il voulait tout simplement le protéger :
« Je n’appellerais jamais Clarence «Big House» Gaines un ami. Il était un père. Il est la chose la plus proche d’un père que j’ai eu. Nous étions très proches. Je l’ai regardé, je l’ai vénéré, je l’ai idolâtré.
Je lui ai dit : « Coach, j’ai peur. Je ne vais pas te laisser mourir. »
Smith a dit à Gaines que s’il ne prenait pas sa retraite, il écrirait un article suggérant que Gaines devrait démissionner. Gaines a maudit Smith et l’a expulsé du bureau.
Pourtant, au milieu de la tempête qui a suivi, avec certains membres du corps professoral et même le directeur de l’école appelant à l’expulsion de Smith de l’école, Gaines a répondu et défendu Smith : « Laissez-le tranquille. »
Il obtiendra finalement son diplôme et c’est à ce moment qu’il commence son travail de journaliste de presse écrite, au journal de Winston-Salem. Une période méconnue de Stephen, lui qui braille sur tous les toits. Son premier don est cependant l’écriture, le garçon est même très doué. Durant le début des années 90, sa famille subira un drame, la mort de son frère. Il explique à GQ que s’il ne s’endort pas dans une voiture, c’est à cause de cet accident :
« Il était vendeur ambulant et quinze personnes étaient avec lui dans la camionnette. Il était le seul à mourir, parce qu’il s’était endormi.
Pouvez-vous dormir dans une voiture si ce n’est pas vous qui conduisez ? » Journaliste de GQ
« Il faudrait que je sois mis KO, pratiquement drogué[…] »
C’est sa mère qui lui apprendra la nouvelle par téléphone. Il raccrochera et s’effondre. Un événement qui le marquera à vie. Son parcours professionnel continue. Il enchaînera des missions pour plusieurs agences (Greensboro News et New-York Daily News) et à partir de 1994, il intègre le Philadelphia Inquirer, occupant un poste de rédacteur. En conséquence de son nouveau job, il produit des reportages sur les Philadelphia Sixers en tant que chroniqueur NBA. Il se liera d’amitié avec Allen Iverson, qu’il considère comme son petit frère. Après coup, il prend du galon et a l’occasion d’écrire sur le sport en général. A ce moment de sa vie, il travaille même gratuitement en tant que reporter pour des matchs universitaires et high-school. Il veut se montrer, il veut étoffer son CV et engranger de l’expérience qui lui servira plus tard. Après un long et loyal service, le Inquirer décide de mettre un terme à leur travail commun au cours de l’année 2008, et ce, à cause de ses opinions politiques et personnels parfois à l’encontre de la ville de Philly. Ce licenciement coïncide avec le lancement de son propre blog, Stephena.com. Pendant ce temps de presse écrite, il travaille aussi en télé depuis 1999 et en radio depuis 2005. Il commence sa carrière télévisuelle sur CNN / SI, une chaîne aujourd’hui disparue. Il signe en 2005 chez ESPN et anime l’émission Quite Franlky with Stephen A. Smith. La grande histoire je t’aime moi non plus commencera avec la chaîne. Des suspensions, non prolongations de contrat, polémiques, parfois sexistes ou racistes, les deux parties connaîtront beaucoup. Il est connu de tous et a déjà interviewé à l’échelle nationale un grand paquet de superstars : Kobe Bryant, Shaquille O’Neal ou encore Charles Barkley. Ses interviews « 1 vs 1 » seront d’ailleurs une étape importante de sa carrière.
.@stephenasmith MIGHT get buckets in next year's Celebrity All-Star Game 👀 pic.twitter.com/ytzDPQqzIo
— ESPN (@espn) February 18, 2020
L’homme est un pro dans le domaine. Il arrive à développer une vraie relation avec son interlocuteur, et non pas un journaliste face à un joueur. Sa force ? Son naturel. Stephen A. Smith est quelqu’un de vrai et c’est peut être pour ça par exemple, qu’il aime tant Kevin Durant. Ce dernier est son joueur préféré en interview de par sa sincérité. Sans filtre, KD dit souvent ce qu’il pense et avec ce personnage, on ne s’ennuie jamais quand beaucoup sont sur la réserve, surtout lors des sujets qui fâchent. A posteriori, il recherche toujours être parmi l’élite, à l’image de Stephen A. Smith, quoi qu’il en coûte, être le numéro un. Le journaliste d’ESPN est proche de beaucoup de joueurs, un frein pour sa carrière ? Absolument pas, on pourrait même dire que c’est une force. Ce n’est que du business pour le cinquantenaire, quand il interviewe les joueurs en 1 vs 1, il fera son job comme contre n’importe qui, puisque pour lui ce n’est pas personnel. Il ne va pas attaquer leur famille, leur fiancée, ou quoi que ce soit d’autre, comme il l’a indiqué en interview. Tout le monde ne l’a pas compris, à l’image d’Allen Iverson, grand ami de Stephen A Smith, à qu’il n’a pas parlé pendant 8 mois. Malgré tout, le journaliste est réglo, il pourrait sortir des casseroles sur tous ses joueurs qu’il connaît bien. Lors des interviews, une seule chose l’intéresse, il s’agit de la vérité du terrain. La génération actuelle est devenue trop susceptible et l’embrouille avec John Wall le prouve bien, ainsi que l’exposition sur les réseaux sociaux. Une vidéo du meneur était sortie sur TMZ et le garçon s’amusait en boîte de nuit, quelques jours avant le training camp. Gros problème, il était hors de forme. Ayant vu la vidéo, Stephen A. Smith avait déclaré que John Wall ne pouvait pas faire ça à quelques jours de la rentrée. Fou de rage, Wall l’attaquera personnellement, alors qu’il n’avait rien à voir avec la vidéo, contrairement à TMZ. Pendant que John déclarera sur twitter que le journaliste ne l’aimait pas, Stephen A. Smith ne parlera que des défauts sur le terrain, l’assassinant point par point, jusqu’à voulant provoquer une discussion d’homme à homme. Voilà un peu la symbolique du journaliste dans ses interviews. Il parle beaucoup, peut être offensant mais une chose l’intéresse, le terrain.
En 2007, il se concentre principalement sur la NBA puisque son son émission est arrêtée. En 2009, il quitte ESPN. Pendant ce temps, il est l’hôte d’une émission de radio de 2005 à 2008. L’année suivante, il commence à travailler pour Fox Sports Radio en tant que chroniqueur dans l’émission de Chris Myers et Steve Hartman. Quelques mois plus tard, il devient animateur en remplaçant Steve Czaban dans son émission. C’est lors de cette même émission qu’il prédit la création du futur trio du Heat avec LeBron James, Dwyane Wade et Chris Bosh. Son émission prend fin début 2011 lorsqu’il devient un consultant exclusif Fox Sports Radio pour la NBA. En 2012, il revient en tant que chroniqueur sur la chaîne ESPN et anime des émissions de radio locales sur ESPN Radio New York et Los Angeles. Il est alors annoncé qu’il rejoint l’émission First Take, il y participe lors de l’Embrace Debate, une partie de l’émission lors de laquelle il débat contre Skip Bayless. C’est dans cette émission qu’il connaîtra ses plus grosses controverses : il a tenu des propos misogynes (il s’est par la suite excusé et a été suspendu une semaine par ESPN), il a tenu des propos considérés racistes à l’encontre d’un entraîneur de football américain après que ce dernier ait échangé un joueur noir et gardé un receveur blanc et pour finir, il a tenu des propos sexistes sur une joueuse allemande lors de la Coupe du Monde de football 2015 (il s’est, là aussi, excusé dans une série de tweets).
First take justement, parlons-en. S’il était devenu une star, cette émission l’a propulsé en tant que superstar. Une émission qui a lieu 5 fois par semaine, mettant en opposition dans un premier temps Skip Bayless face à Stephen A. Smith. Deux amis mais surtout deux personnalités que tout oppose. Dans cette opposition, le journaliste afro-américain aura ses plus grandes sorties, ainsi que ses débats les plus chauds. Par la suite, il formera un trio avec Molly Rose et Max Kellerman, qui marchera très bien peut être même voire mieux, de par la fraîcheur de ce dernier. « Stay of the weed », « He is bad man », et tant d’autres expressions resteront au panthéon grâce à lui. Max Kellerman disait ceci sur le sujet de la motivation de son collègue : « Stephen A. ne sera jamais heureux. Voilà pourquoi il a du succès. Lorsque vous êtes au sommet, la raison de votre présence est que vous êtes une personne chroniquement insatisfaite. » Phrase incroyablement vraie, surenchéri par Stephen A. lui même :
« Je me réveille chaque jour en comprenant que je ne me représente pas seulement moi-même. Je représente ma maman. Je représente ma famille. Je représente ESPN. Je franchis la porte chaque jour en comprenant cette réalité et en agissant en conséquence. »
Connu et reconnu mondialement aujourd’hui, fan de la première heure des Knicks, chaque fan de basket reconnaîtrait sa voix et surtout sa grande gueule. Pour preuve, cette année il a même reçu la première faute technique de l’histoire du Celebrity Game, il a montré qu’il ne savait pas seulement faire le show derrière un écran ou un micro, mais aussi sur un banc. Cet homme est un self-made man, il a surmonté de grandes épreuves pour devenir la plus grosse star d’ESPN. Une partie de la perspective pragmatique de Smith a été façonnée par son expérience de vie en tant qu’homme noir et son sentiment de pouvoir toujours être remplaçable. Il est autant acclamé qu’hué. Smith est le roi incontesté des grandes déclarations audacieuses et des prises de parole qui attisent l’attention de son public et des athlètes. Malgré cela, il est devenu une cible à cause de ses opinions franches.
Et comment ne pas terminer par la maman de Stephen A. Smith. Elle avait un grand cœur et fut la source principale d’inspiration du journaliste. S’il travaille 7 jours sur 7, qu’il est devenu le journaliste sportif le mieux payé du game et qu’il a cette éthique, il le doit à sa mère qui ne se trouvait jamais d’excuses. Pendant deux ans, il sera dépressif quant à la perte de sa mère. On le ressent dans ses débats, ses prises de position, il essuiera des larmes pendant un an, chaque jour. Il ne voulait parfois pas travailler, ne voulait parler à personne. Il y a eu ce speech touchant au possible le jour de la fête des mères, un mois plus tard, elle décédait malheureusement d’un cancer. En pleine finale NBA, ses sœurs l’ont forcé à travailler pour qu’il puisse commencer à faire son deuil et pensait à autre chose car le chouchou de la maman Smith, c’était bien Stephen A.. Cela l’a aidé mais un fils ne se remet jamais vraiment de la mort de sa mère :
« Ma maman était tout pour moi. Vous allumez SportsCenter et c’est la fête des mères, et vous voyez des gens rendre grâce à leur maman et ma maman est partie. Je suis soulagée qu’elle ne souffre plus. Mais cela n’enlève rien au fait que la femme que j’aime plus que quiconque dans ma vie me manque. »
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