La semaine dernière, les deux premiers épisodes de The Last Dance, une série consacrée sur Michael Jordan est sortie sur Netflix et ESPN. Si la majorité des fans ont d’une manière générale aimé ce qu’ils ont vu, ils seront surpris d’apprendre… que la même chose a eu lieu pour la der de Kobe.
Depuis quelque temps, les séries rapprochées sur les sportifs sont de plus en plus nombreuses. Pour reprendre le cas de Netflix, il y a donc The Last Dance, mais on peut évoquer Formula 1 : Drive to survive à propos de la Formule 1, Sunderland ‘Til I Die, sur l’équipe de foot de Sunderland au Royaume-Uni ou même sur d’autres plate-formes comme Prime Video et sa saga All or Nothing qui parle au choix de NFL, de foot, de NCAA, et même de rugby. Si elles ont tendance à énerver le puriste qui s’amuse à noter toutes les incohérences et raccourcis scénaristiques, elles ont tendance à montrer un côté plus humain au sport en question. Le rapport avec Kobe ? C’est qu’on a appris que des caméras l’ont suivi pour sa dernière saison en NBA, sous le maillot des Lakers évidemment.
Et on ne parle pas d’une seule personne qui le suit avec une GoPro, non, on parle ici d’une équipe complète qui a amené jusque six cameramans pour son ultime match face à Utah, lors duquel, pas besoin de le rappeler, Kobe nous avait gratifié d’une victoire et de 60 points sur sa ligne de stats. Certains employés des Lakers parlent même d’une caméra qui scrutait Kobe dans ses moindres faits et gestes, ses déplacements, ses voyages, y compris dans l’avion de l’équipe et pendant les entraînements, comme l’explique John Black.
« Ils ont bénéficié d’un accès sans précédent et, de loin, plus important que celui de toute autre personne. Nous leur avons certainement permis de faire tout ce que nous pouvions dans les limites de ce que la Ligue permettait, et parfois, nous leur avons permis encore plus. »
Et d’après ESPN, les plans étaient en cours de montage lorsque Kobe les a vus avant de nous quitter il y a maintenant 3 mois. Les représentants de Kobe n’auraient pas répondu. L’idée, en choisissant de diriger ce qui serait filmer, est bien sûr de se construire une légende déjà bien bâtie sur les terrains, mais également en-dehors. Pour faire un parallèle avec The Last Dance, il est bien plus facile d’attirer des nouveaux venus par Netflix qu’en offrant une semaine de League Pass, d’autant plus que certaines personnes dans l’entreprise des Lakers ont noté des similarités entre Michael et Kobe.
« Les regarder et pouvoir voir ce que les caméras faisaient pour montrer la routine d’avant-match de Jordan, je veux dire, c’est la même chose… il suffit de faire un saut avant … de retirer le n°23 avec les Bulls et d’insérer le n°24 avec les Lakers. Oui, c’est à peu près identique. »
Marco Nunez, ancien entraîneur sportif aux Lakers.
Des différences, il y en a, bien sûr. L’époque, puisque 20 ans séparent les deux tournages, mais également les circonstances. Là où Jordan se bat pour un sixième titre, Kobe – du moins les Lakers – se bat pour un first pick. Robert Sacre trouvait ça assez frustrant d’ailleurs. Larry Nance Jr. lui, ne voudrait même pas revivre cette année-là.
« C’est intéressant parce que, évidemment, on ne gagnait pas, donc c’était frustrant. Et les caméras étaient toujours devant nous, donc, je ne sais pas, c’était difficile. »
« C’était vraiment cool parce que, c’est le Black Mamba. Mais en même temps, c’est aussi la pire saison de l’histoire des Lakers. Donc, bien que je sois vraiment fier d’être en NBA et d’avoir joué avec cette légende absolue, ce n’est pas quelque chose que je voudrais revivre. »
D’un point de vue général, les équipes, les joueurs et la NBA en général est habituée aux caméras. On a l’habitude des interviews sur le terrain, dans les vestiaires, parfois c’est même les joueurs qui nous en montrent plus, comme par exemple Evan Fournier, mais dans le cas du crew de Kobe, ça dépasse même les « privilèges » des équipes de télé, qui on le rappelle payent pour avoir accès à tout ça. Pour la petite info, Spectrum SportsNet a payé 4 milliards de dollars sur 20 ans pour avoir accès à des plans exclusifs des Lakers.
Un ancien membre du personnel, qui s’est exprimé de manière anonyme, a déclaré qu’avec les équipes de télé ou même n’importe qui, il y avait toujours la possibilité de leur dire d’éteindre leur caméra s’ils rassemblaient des images qui pourraient être jugées trop sensibles ou s’ils se trouvaient dans une zone dite interdite. Oui, mais pas avec les équipes de Kobe, qui a reçu l’autorisation de la NBA de tourner des images, bien que limitée (droits obliges) dans la quantité d’images de match qu’elle pouvait enregistrer. Néanmoins, son équipe a assisté à tous les matchs, entraînements et a suivi Bryant en dehors du terrain et directement chez lui.
Un des endroits compliqués à filmer a été la salle d’entraînement de prépa physique, là où Kobe a passé une grande partie de ses dernières saisons. D’habitude, lorsque des équipes de tournage y étaient présentes, ce qui est exceptionnellement rare, elles étaient supervisées par des officiels de l’équipe. D’une manière générale, la filmer est souvent interdite, en grande partie à cause des règles relatives au secret médical. Pas cette année-là. Du moins pour son équipe de tournage personnelle.
Et ce traitement de faveur particulier nécessite forcément une adaptation spéciale d’après Larry Nance, dans l’attitude comme dans les propos.
« C’était du genre « Ok, il faut vraiment faire attention à ce qu’on dit, faire attention à ce dont on parle, parce que vous n’avez aucune idée de qui regarde ou édite cela. C’est quelque chose dont on a parlé en équipe, on se disait « Hey, on ne sait jamais où ça nous mène. Alors, gardons le calme devant les caméras. » Mais plus l’année avançait, plus on les oubliait et moins on s’en souciait. »
Pour Marco Nunez, c’était une sorte de « chaos ordonné ». En gros, ils faisaient avec.
« C’était une sorte d’amour et de haine mélangés. Je déteste que tu sois là, mais je comprends que tu dois être là. »
Nunez disait comprendre qu’ils devaient être là, dans le sens où au moins, une partie de l’histoire (du basket) était immortalisée, Tim DiFrancesco, ancien entraîneur de la tête (au sens physique, pas mental) des Lakers, et encore une fois Larry Nance ont confirmé l’avis de Marco Nunez.
« Je me souviens avoir dit : « C’est en quelque sorte ennuyeux d’avoir des gens supplémentaires à ces moments bizarres où ils ne sont normalement pas autorisés à être avec une caméra allumée. » Mais dans le même temps, je me disais : « Mais ce sera cool, dans de nombreuses années ».
« Kobe disait quelque chose dans le vestiaire et je me disais : « Oh, ça va être malsain quand ils vont le filmer. » Ou, vous savez, le match à 60 points ou quand il a joué à Philadelphie pour la dernière fois. C’est assez monumental. Je suis tellement content que quelqu’un ait un moyen de se souvenir de ça. »
Va-t-on avoir la chance de voir ces images ? On ne sait pas. Est-ce qu’on le veut ? Oh oui. Est-ce qu’on l’espère ? Encore plus. 3 mois que Kobe est parti, 3 mois que Kobe nous manque, alors un documentaire sur les 82 derniers matchs de sa vie, on signe à 2 mains. On croise les doigts ? On croise les doigts.