Spencer Dinwiddie sous pression, devant son joueur préféré, Kobe Bryant

Si l’euphorie fut cinglante lorsque KD, Kyrie et DeAndre Jordan décidaient de rejoindre les Nets cet été, les beaux jours de Brooklyn ne sont aujourd’hui pas faits par les visages que nous envisagions en début de saison. KD étant blessé pour de longs mois, c’est Kyrie qui se devait de prendre les commandes du navire de sa nouvelle équipe. Si les premières rencontres d’Uncle Drew furent exceptionnelles d’un point de vue individuel (on se souvient de ce premier match à 50 points face aux Wolves),  jamais le collectif si enthousiasmant que nous voyions l’exercice passé ne s’est dégagé des hommes de Kenny Atkinson cette saison. La faute à un manque de cohésion et de leadership criants, Brooklyn pointe alors à 4 victoires pour 7 défaites et la blessure d’Irving pour une durée indéterminée ne vient pas arranger les choses. C’est alors qu’un joueur décide de prendre les choses en main ; lassé de voir les siens sans solutions, Spencer Dinwiddie va profiter de l’absence de Kyrie pour s’imposer tel un véritable patron. En 18 matchs, l’ancien de Detroit a remis de l’ordre et permet désormais à Brooklyn d’être solidement installé dans la course aux Playoffs (16W-13L, 7emes de la Conf Est). Mais au delà d’avoir insufflé à ses coéquipiers son abnégation sans limite, Spencer joue comme un véritable All-Star et le débat autour du retour de Kyrie se fait de plus en plus ressentir. Hier encore, le numéro 8 a fait sensation (39 points, 6 rebonds et 6 passes) lors d’une victoire contre Atlanta 122-112, face à un Trae Young lui aussi intenable (47 points, 8 rebonds, 6 passes). Une victoire et une performance d’autant plus inoubliable pour Spencer puisque réalisée devant son idole de toujours, Kobe Bryant.

Snobé tel un malpropre à Detroit lors de ses deux premières saisons, Spencer Dinwiddie est en train d’éclater tous les pronostics prononcés à son sujet. Qui l’aurait pensé un jour capable d’atteindre un tel niveau ? Bien qu’il ait montré une évolution surprenante la saison passée en devenant l’un des meilleurs sixièmes hommes de la ligue en plus d’être une pièce fondamentale des Nets, Spencer s’inscrit actuellement parmi les meilleurs meneurs de la ligue. No Kyrie ? No Problem pour Dinwiddie, qui – en plus de produire des statistiques phénoménales (26 points, 3,1 rebonds, 6,9 passes depuis qu’il est titulaire) – se conduit en véritable leader et emmène son équipe vers la victoire. Clutch, serein, altruiste, les prouesses de Dinwiddie font de lui un candidat All-Star plus que légitime. Facteur principal du succès des Nets (12 victoires, 6 défaites depuis la blessure de Kyrie) le 38ème choix de la Draft 2014 est en train d’exploser : déjà inarrêtable sur son drive, Spencer développe son shoot et commence à devenir une véritable menace à trois points. Sa capacité à obtenir des lancers ainsi qu’à multiplier les bons choix font de lui un attaquant redoutable. Capable de gérer le tempo ou de scorer lorsque le match l’impose, seul Harden fait mieux que Dinwiddie quand il s’agit d’être clutch : à part le barbu, personne ne marque plus de points que le meneur des Nets dans les cinq dernières minutes d’un match où l’écart entre les deux équipes est d’au maximum 5 points.  Après une incroyable performance face aux Spurs dans la nuit de jeudi à vendredi (41points) malgré la défaite, Spencer a réitéré un récital la nuit dernière contre les Hawks en scorant 16 de ses 39 points dans le 4ème quart pour donner cette fois-ci la victoire à son équipe. Une masterclass très particulière pour le meneur puisque réalisée sous les yeux de son icône de jeunesse, Kobe.

« C’est de loin mon joueur préféré de tous les temps. Sa carrière est toute mon enfance »

S’il lui tenait à coeur de performer devant le Mamba, Spencer n’a définitivement pas manqué à la tâche. Car non seulement Kobe a constaté le niveau de All-Star auquel jouait le meneur, mais on parie qu’il a aussi pu voir à quel point le numéro 8 sortait du lot lorsqu’il s’agissait de guider les siens vers un but commun, de les réunir pour atteindre la victoire, de faire preuve de leadership. Mais dis donc, ne serait-ce pas une faculté qui manquerait à… Kyrie Irving ? Attention ! Avant de crier au blasphème, sachez que loin de nous se porte l’idée de penser que les Nets seraient meilleurs sans Kyrie. Uncle Drew est un joueur de qualité supérieure, au talent offensif absolument fantastique et n’importe quelle équipe de la ligue ne rechignerait pas devant l’ancien C’s. Dès qu’il sera sur pied, il ne fait aucun doute qu’il réintégrera le cinq-majeur, et les Nets comptent bien sur le retour de leur star malgré la forme étincelante de Dinwiddie. Mais n’est-il pas véridique de dire que les Nets produisent un basket bien plus séduisant et tourné vers le collectif sans Kyrie ? N’est il pas un fait de dire que les bases de l’alchimie construite l’année dernière ont refait surface lorsqu’Irving s’est blessé ?

Evidemment, une équipe sans Kyrie Irving est d’avantage pronée à faire tourner le ballon. Les Nets font en moyenne 4 passes de plus qu’avant la blessure de la star et semblent à nouveau dégager ce coeur ainsi que cette sensation d’unité qui les rendait si attachants la saison passée. Il serait facile de dire que Kyrie est un problème et qu’une fois de plus, la réussite des Nets sans lui montre à quel point il est toxique pour un vestiaire, notamment avec la réussite des Celtics en parallèle. Cependant, les Nets ont catégoriquement contesté tous les témoignages selon lesquels Kyrie n’était pas porteur d’ondes positives au sein du vestiaire. Ne serait-ce pas ainsi un brin d’injustice que de considérer tous les maux à charge d’Irving ? D’autre part, ne serait-ce pas manquer de respect au talent de Kyrie, qui est l’une des superstars les plus fabuleuses de notre époque ? Tout ce qu’il y a à espérer est qu’il revienne en bonne forme et prêt à faire passer le collectif avant tout ainsi que Spencer continue sur sa fantastique lancée.

Les fans des Nets peuvent se réjouir en l’absence de leurs stars : même sans KD et Kyrie, les Nets font preuve d’un coeur inébranlâble et peuvent s’appuyer sur un Spencer Dinwiddie de haute volée. La question de son rôle sera posée lorsqu’Irving fera son retour, mais une chose est sûre : Brooklyn peut compter deux meneurs All-Star cette saison.