De ses débuts à aujourd’hui, la NBA compte dans son histoire une multitude de personnages ayant marqué leur génération : entre les uns se mettant en exergue par leur charisme ou leur originalité, d’autres peuvent se targuer d’avoir influencé le jeu par leur mentalité et leur manière de voir le basket. Et plus que d’influencer le jeu, certains sont allés jusqu’à s’ériger en tant que représentant d’une époque. Lorsqu’on parle de légende se distinguant par son état d’esprit, impossible d’omettre Kobe Bryant et sa Mamba mentality. Durant sa carrière, le troisième marqueur all-time n’a pas uniquement marqué l’histoire de sa technique exceptionnelle et de ses qualités athlétiques hors du commun. Kobe, c’est cette force mentale surhumaine, cette haine viscérale de la défaite, cet acharnement pour l’effort et l’entraînement. Cette capacité à ne jamais rien lâcher – même blessé – et à faire don de lui même pour la victoire, le rendant totalement à part. On le sait, Kobe serait allé jusqu’à se battre avec ses coéquipiers si ces derniers n’effectuaient pas les efforts nécessaires que demandent le haut niveau. Sa séparation avec le Shaq en atteste : impossible qu’un duo, aussi dominant soit-il, fonctionne entre un joueur préférant s’économiser et un autre se tuant à la tâche. Transcendé par le jeu, obnubilé par la victoire, le bourreau de travail qu’est Kobe n’a pas totalement délaissé la balle orange et c’est en tant que coach qu’il a renoué le cordon avec sa passion. Entraîneur d’une équipe de jeunes filles, on s’imagine que les petites sortent complètement lessivées des entraînements du Mister, entre les instructions données et les efforts physiques imposés qui doivent être d’une exigeance effrénée. Toujours est-il que la méthode Kobe fonctionne, puisque ses joueuses ont récemment gagné le titre de leur championnat.
Kobe Bryant entraîneur ? Vous ne rêvez pas, la phrase est belle et bien réelle. Bryant est le coach d’une équipe de filles depuis quelques temps désormais. Mais comment un individu aussi solitaire, intransigeant et dévoué pour l’effort et l’adversité peut il jouer le rôle de celui qui rassemble autour d’un objectif commun ? Comment une individualité connue pour son égo surdimensionné, son égoïsme (pour faire plaisir aux mauvaises langues) et son obsession de la gagne peut-elle tirer vers le haut une équipe de manière collective ? Kobe, c’est ce joueur capable de mettre des coups de coude en traître à ses coéquipiers à l’entraînement. C’est aussi celui qui allume son équipe après une défaite. Poussé à son paroxysme, l’entêtement de Kobe s’est parfaitement mis en valeur dans sa relation avec Shaq, où l’arrière réclamait davantage d’efforts de la part du pivot. Comment imaginer alors le Laker être à la tête d’une équipe pour donner des directives ? Comment ne pas se dire qu’il doit abuser de ses jeunes disciples en vue qu’elles gagnent ? Aussi cruel et exigeant qu’on puisse l’imaginer ; Kobe n’est pas un monstre. Et c’est dans un récent entretien accordé à SLAM qu’il a évoqué son approche du coaching :
« Je tiens beaucoup de Phil (Jackson, Lorsqu’on lui demande ses inspirations, ndlr). La philosophie de coaching de Phil et la mienne sont intégrées dans The Wizenard series. Si vous voulez apprendre sur comment Phil avait l’habitude de faire les choses et comment je fais les choses maintenant, j’ai livré beaucoup d’informations dans le livre The Wizenard. C’est une philosophie où tu ne donnes pas autant d’instructions que tu ne poses de questions. Vous voulez des joueurs qui pensent et comprennent les événements extérieurs par eux même. Nous n’avons pas de plans, nous n’avons pas de systèmes. Nous avons des idées. Dans ces idées, les joueurs sont eux mêmes responsables de déterminer quelle est la meilleure, à quel moment et pourquoi. Quand vous avez des joueurs qui peuvent penser, particulièrement à un très jeune âge, et que vous commencez à leur apprendre le jeu à 11 ou 12 ans, comment vont ils traiter le jeu lorsqu’ils auront 17 et 18 ans? C’est vraiment amusant de les regarder travailler ces idées.
Les médisants voulant taxer Kobe Bryant de tyran pas adapté à cette catégorie d’âge peuvent remballer leurs mauvaises langues. Bien qu’il puisse paraître souvent dans l’extrême, surtout lorsqu’il s’agit d’effort, Kobe est avant tout un passionné, un assoiffé de la gagne et sa détermination devrait être une source d’inspiration pour n’importe quel joueur de basket, voir même pour n’importe qui. Rarement nous reverrons un joueur autant animé par le jeu et transporté par le travail que l’était le Black Mamba. D’une abnégation exceptionnelle, Bryant aura surmonté tous les obstacles fixés sur sa route : longtemps comparé à Michael Jordan, il sera parvenu à dépasser son modèle au scoring, allant même jusqu’à copier et sublimer le jeu du GOAT, avec une élégance particulière supplémentaire. Après s’être fait invectiver de joueur incapable de gagner un titre sans le Shaq? Kobe claquait alors un back-to-back quelques années après le départ de Big Cactus. Désormais, le joueur emblématique des Lakers est confronté à un nouveau défi, celui du coaching, où ses détracteurs l’accuseront de forçat. Mais le Black Mamba va surprendre son monde comme à son habitude ; et l’obstacle auquel il est confronté ne fera pas long feu. Kobe, accompagné de son vécu et son expérience, est en passe de transmettre la passion du jeu qui l’habite et d’ainsi tirer vers le haut de jeunes joueurs. Et aucun doute sur l’efficacité de sa méthode, qu’on peut notamment constater sur ce récent post Instagram du Mamba :
« Il y a deux ans, mes petites Mambas ont perdus leurs matchs de 20, 25 et 40 points. Je leur ai demandé qu’est ce qu’elles comptaient faire avec le trophée de la quatrième place qu’elles avaient « gagnées » et elles m’ont toutes dit : « jetez le ». Je leur ai dit qu’au lieu de ça, elles devaient le mettre dans leur chambre pour que ce soit la première chose qu’elles puissent voir lorsqu’elles se réveillent pour se rappeler ce qu’elles ne pourraient plus jamais gagner. Nous allons gagner quelques matchs, perdre quelques matchs, mais nous continuerons de faire LE TRAVAIL. Pleurer ou bien faire partie de l’aventure était mon message. Elles ont choisies d’en faire partie #MambaMentality »
Loin d’être cruel, Kobe est un coach autant captivé par le jeu en tant que coach que lorsqu’il était sur le terrain. Si le Mamba est certainement le joueur le plus clivant que l’histoire ait connu, sa légende reste indiscutable et jamais il ne quittera les mémoires des fans, en raison de son état d’esprit ainsi que de son abnégation hors du commun, en plus d’avoir marqué la NBA de son empreinte grâce à des performances inouïes. Désormais coach, Kobe est confronté à un tout nouveau défi : entre la passion du jeu et la compréhension des besoins de l’équipe, le Mamba ne peut plus être ce leader solitaire renversant tout sur son passage. Dorénavant, c’est par la transmission de ses savoirs qu’il doit s’illustrer. Et nul doute que les petites mambas risquent de nous surprendre à l’avenir, avec un professeur aussi déterminé.