À un moment il faut savoir dire stop. Si l’on connaît Gregg Popovich pour ses succès sportifs avec les San Antonio Spurs, son côté exigeant et perfectionniste sur les bords, on a tendance à oublier que Gregg est capable à n’importe quel moment de prendre la parole, et rarement pour dire des conneries. Une fois encore, c’est un modèle de sagesse que nous offre le coach de San Antonio, dans un contexte difficile lié à la mort de George Floyd.
C’est sur une vidéo postée sur Twitter par le compte des San Antonio Spurs que Gregg Popovich a tenu à s’exprimer. C’est, comme on l’a rappelé dans le titre, un cri du cœur poussé par l’homme qui a emmené notre Tony Parker national à 4 titres NBA, et le mieux est tout simplement d’écouter l’une des légendes vivantes de San Antonio. Pour les personnes qui ne sont pas à l’aise avec l’anglais, vous retrouverez en-dessous la version intégralement traduite (en essayant de rester le plus proche possible du texte initial) en français.
“It’s got to be us that speak truth to power, that call it out no matter the consequences. We have to not let anything go. Our country is in trouble and the basic reason is race.”#SpursVoices pic.twitter.com/uTyOIzGnTg
— San Antonio Spurs (@spurs) June 6, 2020
« C’est presque intriguant et bizarre que la plus grande leçon de cette tragédie vient de la tête de l’officier de police, de voir pour les personnes blanches à quel point d’une manière nonchalante, basique, il a mis sa main gauche dans sa poche, mis son genou pour donner une leçon à cette personne, et c’était son droit et son devoir de le faire dans son esprit.
Je ne sais pas… je crois que je suis simplement embarrassé, en tant que personne blanche, de savoir que ça peut arriver.
Je ne pensais pas que j’allais voir ça, de mes propres yeux, de voir en réalité un lynchage. Nous avons tous vu en ouvrant un livre d’histoire des personnes noires pendues à un arbre. Et vous n’êtes pas bien. Je ne pensais jamais voir ça, de mes yeux, là, maintenant. C’est important que nous, en tant que personnes de couleur blanche, rien ne va nous arriver.
On doit le faire. Les personnes de couleur noire subissent ça depuis 400 ans. La seule raison de pourquoi cette Nation évolue est dû à leur persistance, leurs efforts, leur patience et leur détermination. L’histoire de notre Nation au tout début est un mensonge sur de nombreux points, et nous essayons, aujourd’hui encore, surtout en ce qui concerne les personnes afro-américaines [Gregg Popovich parle de « black and brown people »] de faire ce mensonge une réalité, de faire en sorte que ça ne soit plus un mensonge, et que les personnes de couleur puissent jouir de nos privilèges.
Il faut que ce soit nous qui disions la vérité au pouvoir, qui l’appelions, quelles qu’en soient les conséquences. Nous devons parler. Nous ne devons rien laisser passer. Quand est-ce que ça s’arrêtera ? Encore des genoux sur la nuque d’une personne noire ? Je ne pense pas. Je ne pense pas. Combien de Sandy Hooks [une fusillade dans une école élémentaire causant la mort de 27 personnes] devons-nous encore subir ? C’est si simple de laisser les choses partir, parce que ça ne les implique pas, comme un virage dangereux dans un quartier, vous savez que quelque chose arrivera mais vous ne le faites pas, puis un enfant se fait tuer et alors le panneau « Stop » apparaît.
On a besoin de voir des panneaux « Stop » s’élever. Rapidement. Parce que notre pays est en difficulté et la raison fondamentale en est la race. »
Résumer ce discours en un mot est assez simple. Ce serait le mot « stop », comme l’analogie employée en fin de vidéo. Qui de mieux que Gregg Popovich, coach depuis plus de 20 ans, entraîneur de Team USA, une personne qui a vu passer des centaines de joueurs, coachs, dirigeants sous ses yeux, qu’elles soient de couleur noire (David Robinson, LeBron James, Kemba Walker) ou blanches (Manu Ginobili, Ricky Rubio, Larry Bird) ?