Le débat entre ceux qui se lèvent la nuit pour mater la NBA et ceux qui font le choix de suivre la ligue à travers leurs téléphones existe depuis un moment. Cette distinction parmi les suiveurs semble dépasser le simple cadre de la communauté des fans puisque Chris Paul nous fait part de son avis sur la question. Pour lui, l’exemple de Luka Doncic est édifiant.
Depuis le début de la saison, et même depuis son année rookie, Luka Doncic produit des stats exceptionnelles sur le papier. Avec une moyenne incroyable de 30 points, 9,5 rebonds et 8,7 assists par match, le slovène prouve qu’il doit être considéré comme un des plus grands de cette ligue, en témoigne sa sélection au All-Star Game pour sa saison sophomore. Mais selon Chris Paul, les stats ne disent pas tout et ne permettent pas de tout comprendre. Pour lui, la classe de Doncic va en réalité bien au delà.
« Dans la NBA actuelle, beaucoup de gens ont juste l’appli. Il n’y a rien de mal à ça. Je sais que beaucoup de gens ont un travail et bossent, mais ils ont juste l’appli de la NBA, donc ils n’ont qu’à regarder les stats. Ils regardent juste si un joueur a eu 30 points et 15 rebonds et ils se disent « Oh, il est bon lui. » ».
Il termine cette déclaration assez explicite en disant que certes, Luka a de bonnes stats, mais son jeu sur le terrain est également très beau à voir. En fait, dans cette déclaration de CP3, c’est deux conceptions de la NBA et même du sport en général qui s’opposent. D’un côté, il y a ceux qui considèrent que le basket est un sport de stats, dans lequel une équipe en bat une autre parce qu’elle a mis plus de points et en a encaissé moins. Souvent, un joueur se démarque et prend plus de points ou de rebonds que les autres. La conclusion est donc que ce joueur est le franchise player de son équipe. Cette conception n’est pas fausse. Le basket, comme le foot ou le tennis, consiste à battre les autres équipes en marquant le plus de points possible, jusque à ce que toutes ces autres équipes aient été battues et que le Graal final soit enfin atteint avec une bague. Cette conception peut alors se contenter de regarder les résultats chaque matin, nul besoin de se lever la nuit pour savoir que les Toronto Raptors sont champions en titre, et que Kawhi Leonard les a bien aidés.
Mais d’un autre côté, se contenter des stats sur la fameuse appli NBA dont parle Paul, c’est oublier ce pourquoi le basket existe. Pour le spectacle. Si le basket a pris le dimensions qu’il a aujourd’hui, c’est parce que c’est classe de mettre un ballon dans un panier, que se soit en dunkant ou en tirant depuis le parking. Un fan qui regarde la NBA par les chiffres verra que LeBron James et Anthony Davis sont de très bons joueurs, mais il ne les verra pas faire leurs dinguerie dans un nouveau Lakeshow. Pour ce qui est de Doncic, les stats évoquées précédemment parlent pour lui. Mais comment parler du crack des Dallas Mavericks sans parler de sa capacité à passer le ballon d’un corner à l’autre, en faisant suivre au ballon une trajectoire en ligne droite mais tellement rapide et puissante qu’elle est presque impossible à intercepter ? 9 assists certes, mais toutes ne se valent pas. Pareil pour ce qui est de ses rebonds, contestés ou non, ou encore de ses shoots, défendus ou non. Sa relation de feu avec Kristaps Porzingis n’est pas, non plus, quantifiable.
La déclaration de Chris Paul au sujet de Luka Doncic doit donc être comprise au delà du simple cas du slovène. La NBA est un sport et doit le rester. On ne regarde pas la Grande Ligue pour ses stats, mais bien parce que ce championnats réuni les meilleurs joueurs de la planète au sein de 30 franchises qui s’affrontent dans des matchs complètement fous, aussi bien en saison régulière qu’en Playoffs. CP3 invite donc les fans à poser leurs téléphones et à allumer leur TV pour voir les Mavs et leur jeune prodige faire des étincelles sur le parquet.