À la suite de l’inattendu arrêt des playoffs NBA ce mercredi en signe de protestation contre les violences policières à répétition et en réaction à l’affaire Jacob Blake, l’ensemble du monde du sport américain a suivi. Même si tout le monde partage le même message, certains joueurs étaient moins virulents que d’autres et pas prêts à mettre un terme prématuré à leur saison. C’est le cas de C.J. McCollum, ne partageant pas le point de vue de certains.
Le climat de tension et de colère régnant aux États-Unis depuis plusieurs mois a encore passé un cap à la suite d’une nouvelle bavure policière le 23 août. Lorsque Jacob Blake, homme noir, s’est fait tirer dans le dos à sept reprises par un policier de Kenosha dans le Wisconsin. Une énième malheureuse preuve du fait que le racisme et les inégalités raciales sont toujours très présentes à l’heure actuelle. À la suite de ce terrible événement, le monde de la NBA, déjà très actif et engagé, notamment depuis la reprise au sein de la bulle d’Orlando, a franchi un palier dans son engagement.
Pour cause, après les messages affichés au dos des maillots et sur les parquets, dont le slogan « Black Lives Matter« , les mises à genoux de l’ensemble des acteurs du jeu pendant l’hymne national avant les rencontres et les prises de parole après et en marge des rencontres, la NBA a décidé de se mettre en pause pendant plusieurs heures. Mercredi soir, à la suite de la décision prise par les Milwaukee Bucks, franchise du Wisconsin (Milwaukee se situe à 50 kilomètres environ de Kenosha) ayant décidé de boycotter le match 5 de sa série de playoffs face au Magic d’Orlando, l’ensemble de la NBA a suivi et a donc engendré une pause de la compétition ces mercredi, jeudi et vendredi soirs. Un événement inédit et très fort en sens.
Même si certains joueurs regrettent la façon dont les Bucks ont agi, sans réellement prévenir les autres équipes de la bulle, C.J. McCollum, arrière des Portland Trail Blazers et homme très engagé, loue lui cette prise de décision :
« Il faut leur reconnaître le mérite d’avoir lancé le mouvement. Et je pense que ce qu’ils ont fait a suscité beaucoup de réflexions à travers l’Amérique et le reste du monde sur ce qui se passe aux États-Unis et sur la façon dont nous pouvons nous regarder dans le miroir et trouver, individuellement, indépendamment, comment nous pouvons engager la conversation et apporter une certaine forme de changement.«
Après une première réunion tendue ce mercredi, ayant longtemps fait penser à une possible fin de saison prématurée, les joueurs se sont rencontrés à nouveau le jeudi et ont choisi ce qu’ils allaient faire par la suite par le biais d’un vote. La reprise rapide du jeu aura finalement été l’option choisie malgré un certain nombre de partisans d’un arrêt complet de la compétition pour marquer le coup. De son côté, comme il l’a confirmé à Aaron Fentress de The Oreganian, McCollum a confirmé qu’il n’a jamais été favorable à une annulation de la saison :
« Je ne l’étais pas, parce que je pense que nous avons la responsabilité et l’obligation d’utiliser notre plateforme pour profiter de notre situation en tant que joueurs de la NBA », a-t-il déclaré. « Et de continuer à essayer de faire avancer les choses pour la prochaine génération tout en inspirant les enfants qui viennent de nos quartiers. »
Si les playoffs reprendront bien leur cours dès ce samedi soir avec une soirée à trois matchs (Magic-Bucks, Thunder-Rockets et Blazers/Lakers), le séjour de McCollum et ses coéquipiers au sein de la bulle pourrait très rapidement se terminer. En cas de défaite cette nuit (match à 3h du matin heure française), les Blazers seront en effet éliminés par les Angelinos. Ce serait bien sûr une déception pour le très créatif arrière et son équipe, mais un élément très relatif lorsque l’on pense au contexte actuel. McCollum l’avoue d’ailleurs, en tant que membre important du syndicat des joueurs, la National Basketball Player Association (NBPA), il se serait rangé derrière l’avis général sans broncher et se serait donc stoppé s’il l’avait fallu :
« J’aurais été d’accord avec la décision prise parce qu’en tant que membre du comité exécutif de la NBPA, nous devons faire ce qui est le mieux pour les masses, et dans le cas où la majorité aurait décidé de partir, nous l’aurions fait. Mais je voulais m’assurer que tout le monde sache exactement ce que nous allions faire si nous partions. Allons-nous simplement rentrer à la maison ? Retourner dans les banlieues chics et profiter de la vie que nous menons ? Ou allions-nous essayer de créer un réel impact en allant au front ?«