
NCAA – Chaque année, au moment où le dernier coup de sifflet annonce la fin de la March Madness en NCAA, une scène devenue traditionnelle se déroule : les joueurs se hissent un à un en haut d’une échelle, ciseaux en main, pour découper le filet du panier. Le tout sous une pluie de confettis et une bande-son digne d’un film de fin d’année scolaire, “One Shining Moment” en boucle, bien sûr (ou un peu d’Alicia Keys pourquoi pas). Le tout accompagné des yeux humides de coachs qui prétendent que non, ils ne pleurent pas, foutue poussière. Mais derrière ce geste apparemment anodin se cache une tradition vieille d’un siècle, née dans l’Amérique profonde, là où le basket est une religion et les filets, des trophées.
La tradition du “net-cutting” serait née dans l’Indiana des années 1920, parce que, bien sûr, tout ce qui touche au basket doit commencer dans l’Indiana, c’est contractuel. Un coach local du nom d’Everett Case, grand manitou du basket lycéen de l’époque, aurait été le premier à avoir l’idée de conserver un morceau de filet comme souvenir. Une fois passé au niveau universitaire à NC State après la Seconde Guerre mondiale, Case perpétue le rituel après un titre de conférence en 1947 : perché sur les épaules de ses joueurs, il coupe un morceau de filet, probablement au grand désespoir de l’intendance. L’idée fait boule de neige : bientôt, toutes les équipes s’y mettent, avec échelle et ciseaux sponsorisés, comme tout bon moment d’émotion à l’américaine.
Au fil des années, la découpe de filet est devenue le moment fort post-victoire en NCAA. Que ce soit après le titre national ou une simple qualification pour le Final Four, il n’y a pas de petite occasion pour grimper à l’échelle façon cérémonie d’ouverture des JO. Les joueurs coupent chacun un morceau, c’est leur part du butin, leur trophée personnel. Des équipes légendaires comme les Wildcats de Brunson, les Gators de 2006-07 ou encore Michigan en 2017 (avec quelques points de suture en bonus) ont tous en commun ce petit moment suspendu, où le filet devient symbole de victoire éternelle et la photo part encadrée chez Maman.
Alors, pourquoi découper un filet ? Parce qu’on ne peut pas repartir avec le panier. Parce qu’un trophée, c’est bien, mais un souvenir fait main, c’est mieux. Et surtout parce que, dans le théâtre un peu fou de la March Madness, chaque détail compte pour graver son nom dans la légende et qu’on en a tous rêver petit, alors maintenant qu’on a le droit de couper le filet et qu’on n’aura pas à le repayer, on en profite.
