En 2017, le choix paraissait indiscutable. Le petit prodige de l’université de Washington State qu’était Markelle Fultz avait éclaboussé le monde de son talent par une domination létale lors de sa saison NCAA. A 19 ans, le jeune homme se présentait à la Draft serein et mort d’envie d’écrire son nom dans la grande ligue. Et les franchises semblaient décidées : c’est bien simple, hormis les Lakers prêts à tout pour obtenir Lonzo Ball (non, ce n’est pas une blague), n’importe quel autre GM aurait donné cher pour s’attacher les services du meneur. Par ailleurs, toutes les Mock Draft furent unanimes en désignant comme premier choix le numéro 20 de Washington State. D’abord annoncé à Boston (qui détenait le 1st pick) en vue de former un back-court avec Isaiah Thomas, Danny Ainge fera parler son flair lorsqu’il décidera de trader son premier choix contre le troisième, appartenant alors aux 76ers. Philadelphie pouvait exulter : avec Ben Simmons et Joël Embiid, l’apport d’un guard long, capable de scorer et d’impacter par sa taille, sa vivacité, son shoot, son sens de la passe et du jeu lui permettant de briller sur Pick & Roll, les fans des 76ers avaient de quoi être enthousiastes pour être portés par un fabuleux Big-Three. C’est en toute confiance que Markelle déclarait d’ailleurs qu’il serait Rookie de l’année 2018 sans contestation possible, et que son objectif était le titre de MVP. Trop confiant, trop immature, trop précoce, les doux rêves de Markelle confronteront fatalement la réalité lorsqu’il sera en proie à une étrange et terrible blessure, qui mettra en péril tout ce qu’il envisagait aux 76ers. Après deux saisons catastrophiques et transparentes, Fultz aura-t-il la force de prouver au monde entier qu’il n’est pas le Bust que tout le monde évoque? Pourra-t-il faire preuve de mental afin de surmonter ses déboires et de sortir de son gouffre, pour enfin retrouver son basket? C’est en tout cas ce que croit John Hammond, qui a récemment donné sa chance à son jeune pouce en activant l’option de son contrat Rookie pour les deux prochaines années.
Le wagon des fans de Markelle Fultz semble bien vide aujourd’hui. Jamais nous aurions pu prédire qu’un tel joueur accusant d’une hype démesurée avant sa Draft puisse vivre un si horrible cauchemar pour ses deux premières années au sein de la grande ligue. Avec un flow de grande classe, une réelle élégance dans le jeu ainsi qu’un digne QI basket, le destin de Markelle semblait promis à de bien plus belles promesses. Victime du syndrome du défilé thoracique, Fultz vivra une première saison épouvantable marquée par de houleux débats sur sa blessure. Il ne jouera seulement 14 petits matchs, tous en tant que remplaçant, et les projecteurs seront braqués sur lui en raison d’actions ridiculement hallucinantes où l’on voit le meneur ayant complètement perdu son shoot et ne sachant plus tirer de lancers franc correctement. Le syndrome du défilé thoracique est une blessure grave, affectant les tissus nerveux du cou et de l’épaule et gênant considérablement l’individu. En conséquence, les 76ers laisseront le temps à Markelle de revenir en parfaite santé afin qu’il joue son rôle pour sa saison sophomore. Titulaire devant JJ Redick et intégré dans le système de Brett Brown, Fultz ne saisira pas sa chance et jamais il ne parviendra à s’acclimater au sein de l’effectif des 76ers, qui eux manquaient de temps pour attendre l’éclosion de leur potentiel. Au bout de 4 matchs, Markelle perdra ses galons de starter puis se muera en joueur de rotation avant de se racheter un abonnement à l’infirmerie pour le reste de la saison. La triste réalité est désastreuse : le 1st pick de Draft 2017 n’aura disputé que 33 rencontres sur 164 possibles. Difficile alors d’employer d’autres qualificatifs que bust au sujet de Fultz, lui qui semble déphasé sur un terrain de basket. Et pourtant…
Orlando exercised option on former No. 1 overall pick Markelle Fultz through the 2020-21 season, team says.
— Adrian Wojnarowski (@wojespn) September 16, 2019
Et pourtant, le numéro un de Draft parviendra finalement à trouver preneur lors de la Deadline dernière. Accusant d’un manque de talent et de joueurs à la mène, c’est le Magic qui a sauté sur l’occasion afin de tenter le pari d’un possible potentiel incroyable. Mais en plus de faire une bonne affaire en se plaçant sur le prodige que pourrait devenir Fultz, c’est dans la subtilité et la précaution la plus totale qu’Orlando a pris le soin d’accueillir Markelle dans ses rangs afin qu’il se sente dans les meilleures conditions possibles. et totalement prêt. De cette manière, le jeune meneur pouvait au mieux suivre sa rééducation ainsi qu’évacuer le traumatisme de la récente mort de sa mère, dont il était très proche. Orlando a préféré voir le bon côté des choses : un jeune de 19 ans, victime de blessures délicates entraînant des remises en question de son mental incessantes, additionnées à une pression monumentale sur ses épaules ainsi qu’un décès douloureux est en droit de ne pas être au peak de sa forme. Et si le talent et l’intrépidité de Fultz refont surface, c’est jackpot. C’est en ce sens que le Front Office du Magic a placé sa confiance envers le numéro un de Draft 2017 : en activant l’option rookie de Markelle, Orlando s’assure les services de Fultz jusqu’en 2021. S’il percevra une belle somme, espérons que le meneur aura les idées claires et le corps tranquille afin de diriger au mieux la mène du Magic. Associé à Evan Fournier et avec Nikola Vucevic en partenaire de Pick & Roll, l’ancien de Washington State disposera de toutes les cartes dont il n’a jamais bénéficiées pour fermer des bouches et montrer à ceux étant descendus du wagon Fultz qu’ils devraient vite remonter à bord. Si Markelle règle ses soucis de santé et qu’il est de retour à son meilleur niveau, Orlando pourra énormément tirer profit d’un meneur athlétique, gestionnaire et talentueux comme l’est l’ancien Sixer. Aux côtés d’Evan, Vuc’, Gordon, Ross ou DJ Augustin, l’apport d’un jeune se démarquant par sa fougue, son sens du jeu, sa bonne défense et sa polyvalence ferait le plus grand bien à la franchise de Mickey, qui compte bien continuer à squatter le top 8 de l’Est chaque année.