Entre amitié trompeuse et amour toxique, les relations chaotiques sont une véritable épidémie susceptible de toucher n’importe qui, particulièrement dans un monde où la fausseté et l’hypocrisie règnent en maîtres. En NBA, les termes sont bien évidemment à relativiser, mais ces troubles entre joueurs, franchises et agents existent réellement. On ne cessera jamais d’évoquer la trahison de Kevin Durant envers sa ville d’Oklahoma et son Bro’ qu’était à l’époque Russell Westbrook. Vous vous en doutez, difficile également de ne pas mentionner un fameux 8 juillet 2010, où le meilleur joueur du monde décidait d’abandonner sa ville natale pour take his talents to South Beach. Dans le genre parjure, le départ de LeBron a l’époque fut vécu comme un profond séisme dans l’état d’Ohio ; et si le King n’avait pas ramené cet historique titre en 2016, les mauvaises langues se perdraient bien plus facilement aujourd’hui. Si la NBA actuelle appartient à une ère où les joueurs semblent disposer du pouvoir et ainsi faire leurs choix de carrière, les franchises ont également leurs antécédents concernant les fourberies. Hakeem Olajuwon en est le parfait exemple : meilleur joueur de l’histoire de Houston avec deux titres ramenés aux Rockets, il sera vulgairement transféré pour la dernière saison de sa carrière contre une figurine et quelques maltesers, bonjour la gratitude. Vous l’aurez compris : la NBA est un océan d’histoires perfides et d’épisodes bouleversants, tous plus renversants les uns que les autres. Entre coéquipiers, Shaquille O’Neal et Kobe Bryant sont probablement les premiers cités lorsqu’il s’agit de penser à un duo controversé. Malgré une domination sans égal ainsi qu’un succès considérable, les deux Superstars ne seront jamais parvenus à passer outre leur relation tumultueuse et leur aventure verra sa conclusion par le départ du Shaq en 2004. Désormais retraités, les deux Hall of Famers (il ne saurait tarder pour Kobe) s’envoient aujourd’hui punchline sur punchline sur la scène médiatique, pour le plus grand bonheur des fans NBA. Alors ? Simple petit jeu ou vieille rengaine du passé ?
Si des psychologues voudraient se pencher sur les relations conflictuelles dans le sport ; nul doute qu’ils auraient matière à analyser si leurs cibles étaient Kobe Bryant et Shaquille O’Neal. D’un côté, un fantastique colosse, un joueur d’une domination physique phénoménale, écrasant n’importe lequel de ses adversaires comme s’il buvait un verre d’eau. Big Cactus est le genre de joueur qu’on ne voit qu’une fois par génération, (voir même par siècle) et la planète NBA fut mise au courant dès son arrivée dans la ligue en 1992. Kobe lui, fait son entrée en NBA en 1996, et son talent sera rapidement au centre des attentions également. Très vite considéré comme le successeur de Michael Jordan, Kobe épatait le monde de son intrépidité, de sa technique époustouflante, ses montrueuses qualités d’athlète ainsi que son mental de tueur. Ensemble pendant huit ans, les deux joueurs auront martyrisé le reste de leurs adversaires, au point de repositionner les Lakers sur le toit de la NBA. Sous le maillot de Los Angeles, les faits d’armes du duo ne se comptent plus : un Three-peat (qui reste aujourd’hui le dernier en date), quatre finales NBA, 14 séléctions au All Star Game, 14 séléctions dans une All-NBA Team, une campagne de Playoffs en 15-1, plus de 7 saisons régulières à plus de 50 victoires, plus de 26 000 points marqués ensemble sur la même période… bref, vous avez saisi l’idée. Cette paire de Superstars fut un véritable rouleau-compresseur, qui écrasa tout sur son passage, dotés d’une puissance offensive absolument inarrêtable. Capables d’avoisiner les 60points de moyenne sur une saison entière, le duo est probablement le plus dominant qu’il nous eut été donnés de voir. Si l’histoire s’arrêtait sur la liste des accomplissements de Shaq & Kobe, le classement des duos all-time verrait probablement les deux joueurs squatter le top ensemble, peinards au sommet et loins devant la concurrence. Mais comme vous le savez déjà ; l’histoire d’amour entre Kobe et Shaq n’accouchera pas d’une fin heureuse et la séparation brutale du duo est le symbole d’une relation n’ayant jamais témoigné d’une entente saine et paisible. Entre guerres d’egos et désaccords sur la façon de jouer ou de s’entraîner, les deux joueurs sont des compétiteurs hors-pair ayant leur propre vision de la gagne. Quand Shaq demandait à Kobe de lui faire plus de passes, le Mamba lui répondait qu’il devait plus s’entraîner. Ces multiples controverses auront eu au final raison du duo et elles voient aujourd’hui le jour de manière explicite dans les médias, maintenant que les deux joueurs aient mis un terme à leur carrière. Et après la déclaration de Bryant, qui expliqua récemment de manière très subtile qu’avec un Shaq plus en forme, il aurait gagné 12 bagues puis la réponse de Big Cactus lui disant que pour avoir 12 bagues et une statue, il aurait fallu lui faire plus de passes, Raja Bell (ancien coéquipier de Shaq aux Suns) a rajouté de l’huile sur le feu en racontant une anecdote sur le duo.
« Shaq m’a raconté une histoire. Nous avions un gars qui s’appelait Gordon Giricek dans notre équipe des Suns. Il était arrivé là, il rentrait en jeu, et Gordon ne pensait qu’au panier. Donc Gordon entrait, et quoi que l’on fasse, quel que soit le rythme de l’attaque ou l’atmosphère du match, Gordon shootait. Gordon était mon gars, j’ai joué avec lui à Utah. Mais Shaq a commencé à nous dire « Hey, les gars, c’est le symbole. (avec un pouce pointé vers le bas). Quand je fais ce geste, Gordon ne touche plus la balle ». Et j’étais genre : « Mec, d’où est ce que ce truc vient, comment t’as trouvé ça? » Et il m’a répondu : « Quand Kobe était jeune, il entrait et essayait simplement de shooter, donc le reste d’entre nous avions une espèce de code universel où si l’on se regardait et qu’on faisait le signal, Kobe n’avait plus la balle. »
Pas mal comme accueil pour un rookie, n’est-ce pas? A sa décharge, il faut dire qu’en 1996, Shaq est une véritable force de la nature et lorsqu’il signe aux Lakers pour un contrat max, il est le patron incontesté de Los Angeles et ce n’est pas un rookie ne pensant qu’à shooter qui va lui voler la vedette. Mais ce rookie ne pensant qu’à shooter aura été au final plus fort que les obstacles émis à son encontre, puisqu’il aura prouvé au monde entier qu’il vaut mieux lui passer la balle si l’on veut que celle-ci finisse dans le panier. Malgré une saison rookie compliquée, Kobe aura vite surmonté ce handicap de « signal » pour montrer que lui aussi n’est pas comme les autres. A 18 ans et à peine sorti du lycée, il sera même allé jusqu’à se battre avec Shaquille pour obtenir gain de cause et qu’on se rende compte de la trempe dont il est fait. Désormais en bons termes (ou du moins, plus en guerre) les deux légendes s’amusent à s’envoyer des pics sur la toile, tels des gamins à qui ça manque de se chamailler. Mais si l’entente entre les deux est plutôt clémente aujourd’hui (bien qu’on sente une pointe de rancune dans les discours de chacun), jamais rien n’enlèvera cette rivalité constante qui pèse entre le duo ainsi que ce goût amer d’inachevé et d’interrogations qui subsistent encore. Qu’en aurait-il été si Shaq avait suivi les conseils de Kobe et qu’il avait passé son temps à la salle avec le Black Mamba? De même, que se serait il passé si Kobe avait pris du recul et mis de l’eau dans son vin afin d’être plus collectif? Jamais nous n’aurons le fin mot de l’histoire, mais c’est toujours fascinant d’entendre s’exprimer des joueurs ayant laissé une trace indélébile au sein de la NBA, notamment sur leurs propres carrières.
Entre succès et controverses, le duo Shaq & Kobe aura marqué de bien des manières l’univers de la NBA ; si les deux joueurs continuent d’entretenir une légère rengaine en disant qu’ils auraient pu d’avantage gagner si l’autre avait fait plus d’efforts, le principal est ce qui est déjà acquis : et ensemble, les deux monstres auront gravi des montagnes, jusqu’à écrire l’histoire avec un fabuleux Three-peat.