Sacrés champions à l’issue de l’exercice précédent, le fulgurant départ de Kawhi Leonard à Los Angeles rendait Toronto dénué de superstars et livré à son collectif pour rester compétitif. Face à ce nouveau défi, nombreux sont les observateurs s’étant montrés perplexe quant à l’avenir des Raptors. Comment imaginer une équipe championne ne pas être considérablement affectée du départ de son MVP des finales ? Perçus évidemment capables d’aller en Playoffs, les Raptors déjouent les pronostics et semblent définitivement prêts à rester une force majeure de la conférence Est. Kawhi Leonard ou pas, leur aura reste instoppable : guidés par un mouvement de balle toujours aussi efficace ainsi qu’une défense terrifiante, le collectif peut en plus s’appuyer sur un Pascal Siakam stratosphérique, évoluant en véritable All-Star (pour ne pas dire plus). De cette manière, les Raptors sont actuellement 2èmes à l’Est et détiennent le troisième meilleur bilan de la ligue, et leur domination n’est pas prête de cesser : hier encore, c’est le Jazz qui s’est fait punir, en étant menés de 40 points à la mi temps. Bien que l’écart fut réduit lors du second acte et que les Dinos n’aient pas maintenu leur intensité à la sortie du vestiaire, l’impression de supériorité et d’emprise sur la rencontre dégagée lors de la première période fut complètement affolante. Ainsi, Toronto signe une 7ème victoire d’affilée, et la ville de Drake semble déterminée à maintenir les mêmes ambitions que l’année dernière.
Aussi improbable que cela puisse paraître (car l’histoire n’a duré qu’un an) la perte de Kawhi Leonard cet été sonnait comme une véritable catastrophe dans l’oreille de beaucoup de spectateurs. Le départ de Green – lui aussi prépondérant au sacre – additionné à l’envol du Bord Man ayant mené tout un pays vers le titre forçait les Raptors à revoir considérablement leurs objectifs à la baisse. C’est bien The Klaw qui avait rassemblé toute l’équipe derrière lui par sa rigueur, son calme et son état d’esprit de tueur. Au final, penser que Toronto serait dénué de ses forces après le départ de Kawhi n’était que sous-estimer le cap qu’a franchi cette équipe en allant au bout cet été, l’alchimie parfaite dont elle fait preuve ainsi que le talent de Siakam, que personne n’imaginait capable de prendre les commandes de l’équipe.
Et pourtant. En 19 matchs, Pascal Siakam aligne la bagatelle de 25,6 points, 8,4 rebonds et 4 passes de moyenne, soit sensiblement les mêmes stats que Kawhi l’année passée (26/7/3). Hier, il a tout simplement fait des misères à l’ensemble de Salt Lake City, en scorant 35 points à 63% au shoot. Le camerounais a écoeuré la défense du Jazz dès les premiers instants du match, avec 19 des 37 points de son équipe dans le premier quart-temps, quand Utah n’en avait que 20 après 12 minutes de jeu. Indiscutablement All-Star – et starter qui plus est – cette année, Siakam a une fois de plus effectué un jump effarant en ce début de saison, qui le propulse directement parmi les meilleurs joueurs de la ligue. Aidé par un supporting-cast de grande classe (Toronto compte 7 joueurs à au moins 10 points de moyenne) ainsi que par un très bon coach qui lui accorde toute sa confiance, Pascal n’a aucun mal à assumer les responsabilités offensives de sa franchise : cette année, il prend 9 shoots de plus que l’exercice précédent, et son efficacité est surprenante. Mis en confiance par son vestiaire, son ascension est tout bonnement incroyable. Son niveau actuel nous ferait presque dire (à voix basse tout de même) que Kawhi ne semble pas manquer aux Raptors, tant Pascal a pris en lieu et place le rôle qu’occupait The Klaw sur le terrain.
Alors, les Raptors sont-ils toujours aussi forts que la saison précédente ? Ne vont-ils pas au bout d’un moment accuser du manque de l’un des trois meilleurs joueurs de la planète ? Évidemment, répondre de manière catégorique qu’ils sont désormais plus forts sans Kawhi serait une hérésie, et clamer que celui-ci ne leur manque pas ne paraît pas être un point de vue judicieux, tant le joueur des Clippers est supérieur. Mais n’en déplaise aux fans du Klaw, Toronto n’a absolument pas changé sa philosophie et leur jeu basé sur le mouvement de balle et porté par le talent de Siakam reste toujours autant dévastateur, même sans l’ancien Spurs. Si Leonard et Green sont partis, ils ont été numériquement remplacés par Anunoby – qui a effectué un très bon retour – et Hollis–Jefferson. A eux deux, ils assurent la production de Siakam la saison passée, qui lui assure celle de Kawhi ; et les Dinos peuvent en plus compter sur VanVleet et Lowry ayant tout deux élevé leur niveau de jeu. Bien sûr, le basket n’est pas qu’une question de production statistique, où les points marqués par celui qui est parti doivent être remplacés par les nouveaux venus, mais les Raptors semblent véritablement sûrs de leurs forces en ce début de saison et imperturbables dans leur jeu, quelques en soient les départs et les absents (félicitations à Nick Nurse). En ce sens, avec l’un des vécus communs les plus solides de la ligue, Toronto regarde n’importe quelle équipe dans les yeux et paraît être – contre toute attente – un contender toujours aussi sérieux que la saison passée.