De joueur surpayé à leader incontesté, il n’y a qu’un pas. Si l’on prend du recul, on réalise que peu de temps s’est écoulé depuis l’époque où les observateurs qualifiaient Chris Paul de contrat toxique. Et comment les blâmer ? Avec un salaire de 43 millions de dollars par an et des performances en demi-teinte sous le maillot de Houston – probablement liées à ses brouilles avec James Harden – l’image que renvoyait CP3 n’était certainement pas celle du Point God. Un an, un transfert et quelques récitals plus tard, le meneur de jeu a prouvé son génie à l’ensemble de la planète en portant le Thunder à la 5ème place de l’Ouest et ce avec la manière messieurs-dames. Désormais, CP est confronté à l’un des plus gros challenges de sa carrière : éliminer son ancienne équipe des Rockets composée des monstres Harden et Westbrook. CP est il capable de nous surprendre une fois de plus d’un tour de magie dont lui seul à le secret ?
La descente aux enfers
Mais que s’est il passé depuis le 24 mai 2018 ? Cette fameuse date où chaque fan NBA s’est réveillé avec le sentiment que Chris Paul et son génie renversait l’hégémonie des Warriors. Oui, nous parlons de ces Finales de conférences 2018 où le Point God épatait de sa classe au point de contrôler la série par son leadership et sa maîtrise du tempo. Rappelez vous. En ce mois de mai 2018, les Warriors mènent 2-1 face aux Rockets et les Dubs semblent intouchables. CP3 enchaîne alors deux masterclass de justesse et de sérénité, rentrant d’énormes shoots et guidant les siens vers la victoire à deux reprises. Menés 3-2 sans l’avantage du terrain, jamais les Warriors de KD et Curry ne semblaient si proches d’être éliminés.
Seulement voilà. CP3 se blessera lors de la fin du Game 5 – pour ne pas changer – et Houston perdra lamentablement les deux derniers matchs de la série avec pour symbole 27 tirs consécutifs à trois points ratés lors du Game 7. La suite on la connait : Chris refusera tout effort financier, il signera son énorme contrat et subira ainsi une pluie de critiques. L’exercice suivant n’est pas plus glorieux : CP connaîtra un tas de pépins physiques et les débâcles de Houston ajoutées aux tensions entre Paul et Harden n’arrangent rien. Comme l’année d’avant, les Rockets perdront face à Golden State, cette fois en demi-finale de conférence, et Daryl Morey cherchera immédiatement une porte de sortie pour son meneur de jeu.
Un comeback ahurissant
La descente aux enfers de Chris Paul depuis ce Game 5 contre les Warriors en 2018 l’aura donc mené à Oklahoma, dégagé de Houston un an seulement après avoir signé son astronomique contrat. Le vieux briscard retrouvait un endroit qu’il connaissait bien, ayant débuté sa carrière à Oklahoma City avec les New Orleans Hornets. A OKC, l’ancien Clipper était attendu au tournant dans son rôle d’encadrement des jeunes, au sein d’une équipe qui n’avait a priori rien à jouer cette saison. En reconstruction, en pleine transition, les départs de Russell Westbrook & Paul George l’été dernier présageaient une année obscure et chaotique pour le Thunder, dans le sillage du contrat de CP3.
Mais c’était sans compter sur le génie du Point God. Contre toute attente, Chris Paul a renversé l’ensemble des pronostics en guidant les siens vers la cinquième place de l’Ouest. Absolument personne n’aurait prédit une telle saison. Décrié par l’ensemble des observateurs en début d’exercice, Oklahoma s’est érigé comme l’une des plus belles surprises de la saison. D’une ténacité époustouflante, le Thunder se démarque par sa combativité à tout instant, sa capacité à ne jamais renoncer et à revenir dans le match quel qu’en soit l’écart. C’est bien simple : cette année, la franchise de Paul est l’équipe la plus clutch de NBA et celle qui réalise le plus de comebacks.
THEY said🤦🏾♂️……. #CantGiveUpNow pic.twitter.com/hSBhzGw37K
— Chris Paul (@CP3) August 18, 2020
Et quel comeback de Chris Paul. Bien sûr, le Thunder doit sa réussite à son collectif composé de joueurs talentueux et intelligents tels que Gilgeous-Alexander, Schröder ou Gallinari. Mais si elle est aujourd’hui un adversaire coriace pour n’importe quelle équipe de la ligue, c’est avant tout et surtout grâce au leadership et à la maîtrise de CP3. Tout en sang froid, Paul insuffle à ses coéquipiers le supplément d’âme nécessaire afin d’être sans cesse concentré sur la rencontre. D’une sérénité exceptionnelle, il a fait taire l’ensemble des mauvaises langues à son encontre. Par la ruse et l’expérience, le talent au scoring avec son mi-distance et sa clutchitude impériale ou bien par la confiance en ses coéquipiers avec ses caviers, CP sait exactement quoi faire, quels choix effectuer et quel chemin prendre pour guider les siens vers la victoire. Doté d’un cerveau et d’une vision du jeu dépassant l’entendement, Chris est un candidat légitime aux All-NBA Teams cette année tant sa classe et la pureté de son jeu sont à couper le souffle.
Le vétéran en mission
Après avoir surpris le monde en qualifiant les siens en Playoffs, Chris Paul doit désormais confirmer son exceptionnelle saison en réalisant une masterclass face à son ancienne équipe. Car sans un grand CP3, jamais le Thunder ne survivra à l’ogre à deux têtes des Rockets. Tradé tel un malpropre, on imagine que CP aura à cœur de briller. D’autant que Paul et le Thunder ont les armes pour se défendre.
Non seulement OKC peut s’appuyer sur un collectif solide, talentueux et expérimenté, qui ne lâchera rien quelqu’en soit l’écart. Mais elle aura en plus de cela un leader ayant la chance de montrer aux Rockets ce qu’ils ont tradé. CP3 a l’occasion de prouver qu’il est toujours un génie unique et l’un des patrons de cette ligue en tenant tête à James Harden et Russell Westbrook. Le Point God devra faire preuve de son intelligence et de sa vision du jeu pour lire et déjouer les pièges que livreront Houston et son cinq majeur de nains joueurs de petite taille. Sa capacité à ralentir le jeu et à contrôler le tempo sera essentielle face à une équipe dont l’intensité et la pace sont les mots-clés, surtout si The Beard est gêné par les Dort, Roberson, Schröder et compagnie. Paul doit également être le leader exemplaire qu’il a été cette année en guidant le collectif lorsqu’il sera pris dans la tourmente que peut infliger Houston. Enfin, si le Thunder parvient à survivre et à décrocher des money-time, Chris Paul devra tuer les matchs comme il l’a fait durant toute la saison. S’il veut enfin être reconnu à sa juste valeur et éliminer ceux qui l’ont renié, cela passe par des fins de matchs de grande classe de la part du ROY 2006. Mais on sait d’avance que la mission ne dérangera pas le bonhomme.
Après avoir touché le fond avec les Rockets puis s’être vu décrié par tous les observateurs, Chris Paul a fermé beaucoup de bouches en prouvant qu’il est toujours l’un des meilleurs meneurs de la ligue – si ce n’est le meilleur gestionnaire. A 35 ans, le Point God fait désormais face à l’un des plus gros défis de sa carrière : éliminer les Rockets d’Harden et Westbrook et montrer que le gagnant du fameux trade de l’été dernier habite dans l’Oklahoma. A ce soir, 00h30, pour le début d’une série qui promet.