Si vous étiez exilé loin de la planète NBA ces dernières années et que votre dernier souvenir des Brooklyn Nets reste cette franchise « épave » qui collectionnait à foison les mauvais contrats ainsi que les saisons exécrables, permettez-nous de vous dire que vous avez du chemin à rattraper, tant les voisins des Knicks sont parvenus à inverser la tendance aujourd’hui. Très séduisants lors de l’exercice précédent, témoignant d’un coaching et d’un management à toute épreuve, Brooklyn a surpris son monde en obtenant son billet pour les Playoffs au prix d’une abnégation et d’une hargne inébranlables, qui leur a permis d’être compétitifs à chaque match. Troubles-fêtes, tenaces et attrayants, les Nets ont parfaitement rempli leur objectif visant à faire partie des destinations idéales pour un agent libre qui voulait changer d’air cet été ; pari réussi, avec les signatures de joueurs élites tels que Kevin Durant, Kyrie Irving et DeAndre Jordan. Cependant, avec toute cette agitation, on en oublierait presque le parcours qu’a dû endurer Brooklyn avant d’être en position de tutoyer les sommets. Le GM des Nets lui s’en rappelle bien, et ne commet pas l’erreur de faire une croix sur son effectif précédent en raison de la venue de méga-superstars. De ce fait, c’est par une belle prolongation qu’il renvoie l’ascenseur à Caris Levert, lui qui fut l’un (le?) des fers de lance du projet Nets.
On connaît les mauvaises langues qui nous diront qu’elles avaient tout vu venir, qu’elles savaient pertinemment que Brooklyn allait renaître de ses cendres et que leur Free-Agency représenterait l’intersaison parfaite, au point d’afficher un visage de prétendant lors des prochaines années. Bien évidemment, félicitations aux devins ; mais pour les personnes d’avantage normales, voir les Nets afficher autant de caractère face à ses adversaires fut une claque monumentale pour n’importe quel spectateur. Comment une équipe qui était la risée de la NBA il y a seulement quelques temps pouvait-elle se retrouver tout en haut de la pyramide sans jamais cesser d’impressionner ? Premièrement, rendons à César ce qui lui appartient : si les Nets sont parvenus à effectuer une reconstruction quasi-parfaite (du moins sur le papier) et à se placer en tant que concurrent sérieux pour le futur, c’est d’abord grâce à une organisation irréprochable qui n’a jamais stoppé de tirer vers le haut son collectif et ses jeunes-pouces. Arrivé en 2016 dans un marasme sans nom, Sean Marks a de suite mis en place ses exigences ainsi que sa ligne directrice : discipline, jeunesse et jeu léché, la révolution était en marche et Kenny Atkinson fut désigné pour être le chef de meute d’un collectif jeune mené par le trio D’Angelo Russell, Caris Levert et Jarrett Allen. A la suite de débuts compliqués, c’est finalement la saison 2018-2019 qui sera la bonne et qui verra les efforts des Nets récompensés après tant de désillusions. Mais détrompez vous si vous pensiez que Russell et le management sont les seuls rouages de l’ascension de Brooklyn. Car au milieu de nulle part, c’est bel et bien Caris Levert qui aura imposé la marche à suivre à ses coéquipiers en se démarquant par un niveau de jeu fantastique avant de se blesser pour une grosse partie de la saison. De retour pour les Playoffs, Caris aura montré de quel bois il se chauffe lors du 1er tour face aux Sixers, en se détachant du collectif comme le meilleur joueur de l’équipe. Avec une série à 21 points de moyenne à 49% au tir, Levert a définitivement démontré que sa blessure représente de l’histoire ancienne et qu’il est de taille face aux défis de haut niveau. Entrant dans la dernière saison de son contrat rookie, l’arrière s’est logiquement vu être prolongé d’une extension de 52 millions sur 3 ans qui débutera lors de l’exercice 2020-2021.
Prolongé à juste titre et à un bon prix en comparaison à d’autres contrats bien plus toxiques, Caris a été récompensé de son excellent début de saison qui l’aura vu être propulsé en tant que Franchise Player aux commandes de son équipe. Jusqu’à cette fameuse blessure du 13 Novembre, Levert a épaté le Barclays Center et le reste de la ligue de sa classe, allant jusqu’à aligner une ligne statistique de 19 points, 4 rebonds et 4 passes. Mais au delà des stats, c’est par son aisance, son élégance, son calme et son aptitude à tuer les matchs que le numéro 22 époustouflait son monde, en plus d’offrir pour la première fois depuis longtemps une réelle perspective de renouveau à Brooklyn. Levert s’était définitivement affirmé comme cette nouvelle star en devenir qu’allait acclamé le public des Nets pour les prochaines années. Alors, lorsqu’est arrivée cette effroyable blessure contre les Wolves après un mois de saison régulière, le coup de massue subi par la franchise New-yorkaise fut renversant. Fort heureusement, D’Angelo Russell fera son éclosion et prendra la place de Caris en tant que coeur du projet Brooklyn ainsi qu’au candidat au titre de meilleure progression. Aujourd’hui, tous les voyants sont verts pour Levert (elle était facile, on vous l’accorde), revenu en bonne et due forme de sa blessure, désireux de continuer son développement afin d’être encore plus fort qu’avant et prêt pour le challenge qui l’attend. Mais en plus d’avoir la chance d’être revenu en bonne forme physique, Levert aura l’occasion de jouer aux côtés de Kyrie Irving l’année prochaine. Si la cohabitation avec D’Angelo ne fut pas parfaite la saison passée (tous deux ont brillé seuls, jamais ensemble) et qu’Uncle Drew et D-Lo ont relativement un profil semblable, dire que le back-court Kyrie-Caris est une mauvaise idée est une conclusion bien trop hâtive. Levert aura l’occasion de tirer profit des enseignements de Kyrie, et les deux joueurs peuvent évoluer sans ballon. Quant à lui, Irving adoptera certainement un état d’esprit différent de celui qui était le sien à Boston, prêt à faire des sacrifices pour voir son équipe toucher les sommets. Et quand bien même la relation sur les parquets ne fonctionnerait pas entre les deux joueurs, Caris peut tout à fait disputer les rencontres en sortie de banc afin d’apporter son énergie et son scoring avec la 2nd Unit.